La droite a fait bloc, là où le PS était dispersé.
« C’était inespéré. » C’est ainsi que Marine Le Pen a salué les résultats de ce premier tour des municipales qui a vu le Front national réaliser une spectaculaire progression. C’est un « cru exceptionnel » marquant « la fin de la bipolarisation de la vie politique » a encore commenté la présidente FN. À Perpignan, Avignon, Forbach, Béziers, Fréjus, Tarascon, le FN est arrivé en tête du premier tour. Il est en mesure d’enregistrer d’autres victoires après celle d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) où Steeve Briois l’a emporté dimanche, permettant au parti de gagner pour la première fois une ville de plus de 10 000 habitants dès le premier tour. Au second tour, le parti devrait être présent dans plus d’une centaine de triangulaires.
« Le Front était jusqu’ici un vote national, nous sommes en train de démontrer qu’il est aussi un vote local, un vote qui s’est enraciné », s’est félicité le vice-président du FN, Florian Philippot, qui a obtenu près de 36 % à Forbach (Lorraine). Le FN a fait même une poussée dans l’Ouest, alors qu’il y était peu présent. Devant cette montée frontiste, la gauche s’est mobilisée sur son registre habituel : le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a appelé « les forces démocratiques et républicaines » à faire barrage au FN au second tour. Le porte-parole du PS, David Assouline, a reconnu une hausse « inquiétante » du parti d’extrême droite, tandis que Pierre Laurent, numéro un du PCF, parlait d' »une alerte pour la gauche tout entière » et Olivier Besancenot (NPA) d’un « système politicien carbonisé ».
L’autre grand gagnant du scrutin est l’abstention, qui atteignait à 1 heure 38,62 % sur plus de 22,5 millions de bulletins dépouillés, selon le ministère de l’Intérieur, soit le niveau le plus élevé jamais atteint pour ce scrutin. La participation a montré des disparités importantes selon les régions. »Cette hausse de l’abstention reflète un rejet du personnel politique, amplifié par les dernières affaires », a estimé Frédéric Dabi (Ifop). « Mais elle illustre également la désillusion des électeurs à l’égard de la capacité des politiques de pouvoir changer les choses. »
Après des semaines de campagne parfois très virulente, la tension n’était donc pas retombée. Dans certaines communes, ce dimanche 23 mars, les esprits se sont beaucoup échauffés jusque dans les bureaux de vote :
>> Marseille : Pape Diouf dénonce « un non-respect des règles du jeu démocratiques ». L’ancien président de l’OM, candidat à la mairie de Marseille (Bouches-du-Rhône), annonce se réserver la possibilité de déposer un recours à l’issue du premier tour, après des « faits de fraude inacceptables ».
« Une liste d’émargement déjà signée à 8 heures du matin, avant même l’entrée du premier électeur, combien d’autres, ailleurs ? » affirme-t-il. Entre autres débordements, son équipe assure avoir également observé la distribution d’enveloppes déjà remplies d’un bulletin ou encore des intimidations à l’encontre d’électeurs.
>> Corbeil-Essonnes : une bagarre entre candidats
L’élection s’est déroulée sous haute tension dans le fief de Serge Dassault, ancien maire UMP de la ville. Le député PS Carlos Da Silva, en lice pour les municipales à Corbeil-Essonnes (Essonne), a déposé plainte pour « agression et injures » contre son adversaire PCF Bruno Piriou, rapporte Le Parisien.
« Il a bousculé et insulté Carlos Da Silva », assure un témoin de la scène, proche du socialiste, au quotidien. A l’origine de leur affrontement, une première altercation entre un délégué de Carlos Da Silva et un homme qui faisait des allers-retours dans un bureau de vote, présenté comme un membre « de l’entourage de Bruno Piriou ». Le candidat communiste dément : « On s’est gentiment dit bonjour dans la matinée », explique-t-il.
>> Paris : NKM chahutée par des intermittents
Même une fois le scrutin terminé, les dérapages sont toujours possibles. Arrivée en tête au premier tour à Paris, devant la socialiste Anne Hidalgo, l’UMP Nathalie Kosciusko-Morizet a été interrompue par des « chômeurs précaires » durant son allocution face à la presse.
Une énorme bousculade a suivi. Sur Twitter, des journalistes présents sur place expliquent que les élus Philippe Goujon et Jean-François Lamour se sont chargés d’expulser les intrus.
>> Cagnes-sur-Mer : une électrice FN force l’urne
Elle n’avait aucune intention de respecter le secret du vote. A Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes), une électrice du Front national n’a pas respecté les consignes de la présidente de son bureau de vote, rapporte Nice Matin.
Arrivée en fin de matinée, l’habitante a refusé de prendre plusieurs bulletins et de se rendre dans l’isoloir. « Vous ne m’empêcherez pas de voter FN », s’est-elle exclamée, selon le quotidien régional, avant de « sauter » sur l’urne pour faire entrer elle-même son bulletin dans la fente en actionnant la manette.
>> Cholet : des journalistes expulsés par le maire sortant
Le député-maire de Cholet (Maine-et-Loire) n’apprécie guère les journalistes. Très médiatisé après des propos polémiques sur les Roms par le passé, Gilles Bourdouleix a fait évacuer une équipe de France 3 Pays de la Loire de l’hôtel de ville, après avoir refusé à plusieurs reprises une interview.
« Je ne parle jamais à France 3 », a lancé l’élu face caméra. Une hostilité peut-être due à son score, avancent les journalistes de la chaîne : contrairement au précédent scrutin, Gilles Bourdouleix, avec près de 47% des voix, devra passer par un second tour.
>> Saint-Christ-Briost : le maire retire des bulletins de l’urne
Il a informé la préfecture de son initiative. Candidat à sa réélection, le maire sortant de Saint-Christ-Briost (Somme) a fait ouvrir l’urne pour retirer des bulletins de vote, raconte France 3 Picardie. Francis Archintini pense que ces bulletins ont été déposés par d’anciens administrés, rayés des listes électorales.
Et, parmi les bulletins nuls du scrutin, quelques messages nauséabonds: des quenelles, un vote pour Poutine ou encore un message antisémite…
Pour conclure, tous les LGBTI qui ont voté pour le FN en pensant sanctionner le PS, indéniablement, après les étrangers, ce sera justement à notre tour de devenir les cibles. Vous en doutez ? Le schéma est pourtant récurent, et l’histoire nous l’a déjà prouvé.
C’est long de transformer un pays comme la France. Les réformes n’ont pas encore donné des fruits, mais n’oublions pas que nous déplorons d’abord les 5 années de politique de M. Sarkozy justement, qui a banalisé, avec Jean-François Coppé les thèses du Front National.
Il faut bien choisir son maire, notamment à savoir s’il prendra ou pas le train de l’égalité. Les enjeux locaux sont importants. Nous savons tous ce qu’il y a derrière la façade du FN qui continue malgré ses tentatives de « dédiabolisation » à promouvoir l’idéologie de la haine !
Seule bonne surprise, ce serait donc Anne Hidalgo qui devrait, si le second tour le confirme, prendre le fauteuil de M. Delanoë à la mairie de Paris. Il va falloir nous mobiliser.
Terrence Katchadourian
STOP HOMOPHOBIE
avec AFP et Francetv info