Nouveau sujet sensible à la une de la presse sociétale, l’homosexualité en Afrique n’est pas une pratique nouvelle, mais sa mise à nue rendue politique l’est. Elle est passible de plus de vingt-cinq ans de prison, voire de la peine de mort, sans oublier les nombreux cas de torture et de meurtre, 38 pays sur 54 condamnant l’orientation sexuelle envers le même sexe
C’est un véritable problème de société qui enraye les relations avec l’Europe en matière de droits de l’homme. Les politiques gouvernementales se durcissent et les organisations de lutte pour les droits de l’homme dénoncent les violences. La pression internationale, mais surtout européenne s’accentue, et cette question se pose non seulement à l’opinion publique, mais aussi au cœur de l’agenda politique et diplomatique des États africains.
Au-delà de la passion et des émotions qu’elle suscite, la question de l’homosexualité en Afrique ne devrait-elle pas être posée avec lucidité, pour comprendre les réalités qui sont les siennes et les enjeux qu’elle soulève ? Pour tenter d’y répondre, nous avons pris part à une conférence organisée par l’Association de Sciences-Po pour l’Afrique (Aspa) à Paris le 11 mars face à un panel de qualité.
Cette conférence avait pour but de faire un état des lieux de l’homosexualité en Afrique sans prendre parti et entrer dans des débats enflammés. Voici les quatre points essentiels que nous retenons : il est dangereux d’être homosexuel en Afrique pour de nombreuses raisons. De plus, nous observons une forme d’homophobie d’État qui devient une véritable arme politique ; l’Afrique n’est pas le seul endroit où l’homosexualité est condamnée. En effet, les dirigeants européens pointent du doigt l’Afrique alors qu’en Europe même, quelques pays ou régions sont encore dangereux pour les homosexuels ; il y a un fort contexte culturel et un socle de valeurs en Afrique qu’il faut protéger. C’est pourquoi de nombreux Africains pensent que l’Afrique n’est pas prête pour légaliser l’homosexualité ; c’est un sujet qui mêle de nombreuses perspectives et qui ne peut être imposé par des États extérieurs à l’Afrique.
En définitive, la situation dépasse les frontières africaines et met en péril ses relations avec l’Union européenne. Il n’y a pas de solution idéale, mais il est important que les meurtres relevant de l’orientation sexuelle ne se banalisent pas. L’Afrique a tant d’autres maux à traiter…
Grâce Loubassou/adiac.congo