Nigeria: deux hommes accusés d’être homosexuels acquittés par la justice

Deux hommes accusés d’être amants ont été acquittés mardi, faute de preuve, par un tribunal islamique du nord du Nigeria, pays où l’homosexualité est interdite et passible de la peine de mort.

Les deux hommes, qui niaient l’accusation, faisaient partie d’un groupe de 12 Nigérians arrêtés en janvier à Bauchi, capitale de l’Etat du même nom, accusés d’avoir créé un club homosexuel et d’avoir reçu des fonds des Etats-Unis.

« Le juge les a acquittés car le parquet n’a pas apporté la preuve de leur culpabilité », a indiqué à l’AFP un greffier du tribunal, Abdul Mohammed.

Vu la gravité de la peine encourue, le juge a estimé que l’accusation devait être prouvée au-delà de tout doute raisonnable, a-t-il expliqué.

« La sodomie étant punissable de la peine de mort, il faut que quatre témoins certifient avoir vu l’acte et dans le cas de ces deux hommes, personne ne les a vus commettre la sodomie », a indiqué le juge, selon Abdul Mohammed.

Le parquet dispose de 30 jours pour faire appel mais n’a pas indiqué sa position dans l’immédiat.

Sur les 12 hommes arrêtés, quatre ont été punis de 15 coups de fouet et d’une amende, sept ont été libérés sous caution – dont les deux acquittés ce mardi- et le dernier, de confession chrétienne, comparaît devant un tribunal laïc.

Les procès se sont déroulés en secret pour des raisons de sécurité. Le tribunal avait en effet été attaqué le 23 janvier par des manifestants qui réclamaient l’exécution immédiate des accusés. La police avait dispersé la foule à coups de gaz lacrymogènes.

L’homosexualité est interdite par la loi islamique en vigueur dans plusieurs Etats du nord du Nigeria à majorité musulmane. La charia, qui y est appliquée en parallèle du système judiciaire fédéral, prévoit la peine de mort pour les homosexuels, même si celle-ci est rarement, voire jamais, appliquée.

Au niveau fédéral, le président Goodluck Jonathan a promulgué en janvier une loi, critiquée en Occident mais largement soutenue au Nigeria, qui prévoit des lourdes peines de prison pour les homosexuels.