La Manif pour tous renonce aux européennes et se contente d’une nouvelle charte : « On n’a plus qu’à appuyer sur le bouton »

Le 15 janvier dernier, la présidente de la Manif pour tous (LMPT) confiait que son mouvement était dans les starting-blocks, prêt à s’engager pour les européennes. « On a structuré nos réseaux, on est en mesure de présenter des candidats. Nous avons fait réaliser des sondages qui sont très encourageants », ajoutait même Ludovine de la Rochère.

Mais trois mois plus tard, et malgré la réussite de sa dernière manifestation, virage à 180 degrés. Les anti-mariage gay ont finalement décidé de ne pas présenter de candidats à l’élection du 25 mai prochain. « On s’était laissé une porte ouverte », veut désormais faire croire la présidente du mouvement. Telle est la justification qu’elle a donnée au cours d’une conférence de presse organisée ce jeudi 17 avril.

A défaut de candidat, LMPT se contentera d’une nouvelle charte, comme elle l’avait fait pour les municipales. Ouverte à tous, elle avait alors été signée essentiellement par des candidats de droite, voire d’extrême-droite.

Huit principes pour défendre la famille traditionnelle

« Nous sommes un mouvement 100% citoyen et nous préférons rester hors du jeu électoral plutôt que d’entrer dans le champs de la politique politicienne », justifie Ludovine de la Rochère. Mais le mouvement entend cependant poursuivre la défense de sa vision de la famille au niveau européen. D’ici à la fin mai, tous les candidats seront interrogés sur les « principes européens pour la famille et pour l’enfant ». Leurs réponses seront ensuite publiées sur un site créé pour l’occasion.

Parmi les huit principes soumis aux candidats, l’un prévoit que « le mariage » est un « engagement » pris entre « un homme et une femme ». Dans le prolongement, la Manif pour tous rappelle son opposition à l’adoption par les couples homosexuels: « Dans son intérêt supérieur, l’enfant a le droit d’être élevé par son père et sa mère ou, s’il est privé de sa famille d’origine, par un père et une mère adoptifs. Aucune instance nationale ou européenne ne peut priver délibérément un enfant de ce droit », précise le principe numéro 3.

Il est aussi question des mères-porteuses (GPA) dans le principe 4 qui stipule: « La grossesse ne peut être l’objet d’aucun contrat. » Un autre énonce que « la politique familiale est du ressort de chaque État ». Le huitième vise à ne pas promouvoir « l’identité de genre ».

Un intergroupe contre le lobby gay

« Ce questionnaire vise à éclairer les électeurs qui ont besoin de connaître les convictions des candidats », déclare Ludovine de la Rochère. Elle ajoute cependant que son mouvement ne soutiendra à proprement parler aucune liste. Seulement LMPT ambitionne de créer « un intergroupe au Parlement européen portant ces enjeux de la famille et de l’enfant » pour peser dans les choix faits à l’échelle des 28. Objectif affiché: « combattre le lobby LGBT » qui représente les lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels.

Il en est une qui se réjouit de l’initiative, c’est Christine Boutin. L’ancienne ministre UMP qui se présente sous sa nouvelle étiquette Force Vie a toutes les raisons se réjouir: non seulement LMPT ne vient pas marcher sur ses plate-bandes mais en plus, elle pourrait obtenir leur label en souscrivant à leurs principes.

De là à lui assurer un siège au Parlement, il a tout de même un fossé. Aucun sondage ne la place en tous cas dans une telle position.

Le HuffPost avec AFP | Par Alexandre Boudet