Un jeune homme de 21 ans a été condamné vendredi à deux ans de prison dont quatorze mois avec sursis, pour une agression en avril 2013 contre un bar gay de Bordeaux, survenue sur fond de manifestations pour et contre le mariage pour tous.
Le jeune homme n’a pas été placé en détention à l’issue du procès au tribunal correctionnel, mais devra comparaître devant un juge des libertés et de la détention, auquel il appartiendra de décider d’un aménagement éventuel de la peine de prison, a-t-on précisé de source proche du dossier.
Deux ans de prison dont un avec sursis avaient été requis contre le jeune homme.
Le gérant et une cliente d’un bar gay du centre de Bordeaux avaient été agressés dans la nuit du 17 au 18 avril par deux individus au visage dissimulé, qui avaient ensuite brisé des bouteilles et des verres dans l’établissement. L’un des agresseurs était armé d’une arme de poing qui s’est révélée un pistolet a bille, mais dont il s’était servi pour asséner un coup de crosse. L’agression intervenait sur fond de manifestations, certaines tendues, favorables ou hostiles à la loi sur le mariage homosexuel, à Bordeaux comme dans plusieurs villes. Deux manifestations s’étaient d’ailleurs tenues ce soir-là à Bordeaux.
Le caractère homophobe de l’attaque n’avait pas été avéré sur le moment, en l’absence notamment de propos homophobes entendus par les témoins, mais des élus bordelais de droite comme gauche, condamnant l’agression, avaient exprimé leur forte présomption d’un mobile homophobe. Et un lien du prévenu avec le mouvement d’extrême droite Renouveau français a été évoqué à l’audience, a-t-on précisé de même source.
Jacques Godefroy, victime principale de l’agression et présent au procès, a qualifié vendredi la condamnation de «satisfaisante de (son) point de vue», même si elle a selon lui «un aspect symbolique», et s’il considère qu’il s’agit manifestement «d’un jeune qui a commis une erreur», a-t-il déclaré à l’AFP. Il a toutefois regretté les excuses formulées selon lui de façon «subliminale» par le prévenu.vL’avocat du condamné n’a pu être joint vendredi soir quant à une décision sur un éventuel appel.
Pour mémo :
Le gérant et une cliente d’un bar gay du centre de Bordeaux ont été agressés dans la nuit de mercredi à jeudi par deux inconnus qui, le visage dissimulé, ont ensuite brisé des bouteilles et des verres dans l’établissement, a-t-on appris de sources concordantes jeudi 18 avril.
Le parquet de Bordeaux a ouvert une enquête en flagrance en lien avec l’agression, pour des « faits de violence », a-t-il annoncé. Le caractère homophobe de l’agression n’était en revanche pas encore avéré jeudi soir et cette circonstance aggravante n’a pas été pour l’instant retenue.
Des agresseurs munis d’armes de poing
Les faits se sont produits vers 1 heure jeudi, a indiqué Yvan de La Cruz, propriétaire du bar concerné, le « Go West », avec son compagnon, Jacques Godefroy, qui a déposé plainte. C’est ce dernier qui a été frappé, le propriétaire n’étant pas présent au moment de l’agression.
Selon Yvan de La Cruz, son ami était en train de fumer devant l’établissement en compagnie d’une cliente lorsque deux individus, le visage dissimulé et munis chacun d’une arme de poing, apparemment un pistolet, ont bousculé la femme, la faisant tomber.
Jacques Godefroy a tenté de retenir l’un des agresseurs qui, en retour, lui a asséné un coup de crosse sur la tête, le frappant également au thorax. Les deux individus ont ensuite pénétré dans le bar, brisant plusieurs bouteilles et des verres, a ajouté le propriétaire du bar, qui n’était toutefois pas en mesure de préciser si des propos homophobes avaient été tenus.
Une agression a caractère homophobe ?
Jeudi après-midi, des policiers travaillaient sur les images captées par les caméras de vidéosurveillance, dans et à l’extérieur du bar. Toutefois, « il est difficile de ne pas voir le lien » avec une agression homophobe, même s’il « faut laisser travailler la police », a réagi Fabien Robert, adjoint MoDem au maire de Bordeaux, Alain Juppé, et maire du quartier où est situé le « Go West ».
Un avis partagé par Matthieu Rouveyre, conseiller municipal PS et militant de la cause gay, qui évoqué la concomitance avec deux manifestations, l’une contre l’homophobie et l’autre opposée au mariage homosexuel mercredi soir à Bordeaux.
Mercredi soir aussi, trois employés d’un bar gay du quartier du Vieux-Lille ont été légèrement blessés mercredi soir lors d’une agression par « quatre individus (…) de 25 à 35 ans, crâne rasé, tatoués », selon le propriétaire de l’établissement qui a raconté avoir été insulté en raison de son homosexualité. Les quatre hommes ont été ensuite interpellés.