Cette revendication lesbienne et féministe aura enfin abouti après près d’une quinzaine d’années de mobilisation des associations. Créé en 1998 par la Coordination Lesbienne en France (CLF) en réaction à l’invisibilisation des lesbiennes dans la société et à l’invisibilisation des violences à leur encontre, le mot « lesbophobie » se définit comme la conjugaison du sexisme et de l’homophobie en direction des femmes dont l’homosexualité est réelle ou supposée (femmes ne correspondant pas aux normes de féminité imposées par les stéréotypes de genre).
Parce que ce qui n’est pas nommé n’existe pas, il était primordial de nommer cette violence pour pouvoir la combattre. La reconnaissance officielle du mot « lesbophobie » permettra ainsi la reconnaissance même de cette violence spécifique à l’encontre des lesbiennes. En effet, dans notre société hétéropatriarcale où l’hétérosexualité est la norme, les lesbiennes sont doublement discriminées. En tant que femmes et en tant qu’homosexuelles, elles rencontrent sexisme et homophobie. Malgré leur réalité, ces violences sont trop souvent niées, oubliées et invisibilisées. Elles surgissent à divers degrés :
Ignorance, négation, moqueries, harcèlement, insultes, discriminations, lesbophobie intériorisée (= mépris de soi et des autres lesbiennes) ;
Agressions physiques ;
Viols correctifs (pour « punir » les lesbiennes de leur orientation sexuelle ou les « ramener » à l’hétérosexualité) ;
Meurtres ;
Peines de prison, peine de mort (dans les pays où l’homosexualité est pénalisée).
L’Inter-LGBT salue également l’intégration des mots « hétéronorme », « masculinisme » et « féminicide » dans la présente édition, permettant la reconnaissance d’un système patriarcal qui entretient la domination des hommes sur les femmes et les violences à leur encontre. Nous souhaitons que cette excellente initiative du Petit Robert puisse être suivie par les autres dictionnaires ainsi que par l’Académie Française. Toutefois, nous regrettons que les mots « biphobie » et « transphobie » n’aient toujours pas été intégrés. Les violences à l’égard des personnes bisexuelles et trans sont ainsi encore invisibilisées, alors qu’elles doivent être reconnues pour être combattues.
Amandine MIGUEL, porte-parole de l’Inter-LGBT en charge de la Visibilité Lesbienne