Des signes de résistance virale croissante aux antirétroviraux apparaissent avec les nombreux séropositifs traités dans les pays les plus touchés par le sida sans que la situation ne soit alarmante, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publié mercredi.
« Des actions concertées sont néanmoins nécessaires pour préserver l’efficacité des thérapies antirétrovirales dans le futur », juge l’OMS.
« Parmi les personnes infectées prenant des antirétroviraux, la transmission de VIH (virus de l’immunodéficience humaine) résistant continue d’entraver l’efficacité du traitement », souligne l’étude publiée avant la 19e conférence internationale sur le sida (AIDS2012) qui doit se tenir à Washington du 22 au 27 juillet.
Mais « les données disponibles laissent penser que malgré la rapide expansion des populations infectées accédant aux antirétroviraux (ARV) l’accroissement de la résistance du VIH à ces traitements est resté à des niveaux attendus », explique le rapport.
« En d’autres termes, la forte expansion des ARV n’a pas déclenché un accroissement incontrôlé des cas de résistance virale acquise par transmission », ajoutent les auteurs.
Par conséquent, « aucun changement dans les directives d’utilisation des antirétroviraux n’est nécessaire pour le moment », conclut l’OMS.
Plus de huit millions de personnes infectées avec le VIH dans les pays pauvres et à revenus intermédiaires, prenaient des antirétroviraux fin 2011, un nombre record, en hausse de 20% sur 2010, selon une estimation de l’Onusida publiée mercredi.
Depuis 2004, le nombre de séropositifs à avoir accès à ces traitements dans ces pays, a été multiplié par 26.
Selon l’OMS, le taux de résistance virale aux ARV transmise dans les populations traitées des pays à revenus faibles et intermédiaires est monté à environ 6% de 2003 à 2010.
Selon des études menées par l’OMS sur plus 5.000 personnes dans 12 pays à revenus faibles et intermédiaires, la résistance virale à toute classe d’ARV a varié de 4,8% en 2007 à 6,8% en 2010.
Après un an de traitement antirétroviral, 3.475 étaient vivantes. Sur ce nombre, 3.219 personnes ont été alors testées et quelque 90% d’elles avait une charge virale imperceptible.
Parmi ceux ayant subi un échec du traitement ARV, 72% ont été résistants surtout à une catégorie d’ARV dit NNRTI comme le nevirapine, précise l’OMS.
Le rapport relève que si les cas de résistance virale aux ARV sont détectés suffisamment tôt, il suffit souvent de changer d’antirétroviral qui dans la majorité des cas sont efficaces.
De ce fait, la surveillance de la résistance virale est essentielle.
En outre, l’OMS indique que son programme de surveillance des premiers signes de résistance dans 50 pays a identifié d’importantes lacunes dans les services de délivrance des traitements et les systèmes fournissant les traitements.
Dans les pays à haut revenus, en Europe, aux Etats-Unis, en Australie ou au Japon où les séropositifs ont commencé les ARV à la fin des années 1990, la proportion de ceux parvenant à supprimer leur charge virale a augmenté au cours de 20 dernières années et le taux de sujets résistants à ces traitements a plafonné. Il est de 10 à 17%, selon l’OMS.