Liberia Le sénat interdit le mariage homosexuel

Les sénateurs libériens ont voté vendredi à l’unanimité un amendement à la Constitution interdisant le mariage entre personnes du même sexe.

Alors que l’homosexualité est un tabou au Liberia, et la sodomie considérée comme un délit, la question du mariage entre personnes du même sexe n’a pas fait l’objet d’une loi, mais d’un amendement à un article de la Constitution.

Cet article interdit déjà la polygamie et mariage entre parents. L’amendement y ajoute « les personnes du même sexe », selon la lecture faite par le président du comité des affaires judiciaires, des pétitions et des droits de l’homme, Joseph Nagbe.

L’amendement a été déposé par Jewell Taylor, sénatrice, ex-femme de l’ancien président Charles Taylor condamné le 30 mai à 50 ans de prison pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre en Sierra Leone.

L’adoption de la loi dépend en dernier resssort de la présidente qui a déjà dit qu’elle opposerait son veto à toute loi sur l’homosexualité que ce soit pour la légaliser ou pour durcir les lois déjà existantes.

« Mon amendement vise à s’assurer que deux personnes du même sexe, selon nos lois, ne seront pas autorisées à se marier », a expliqué Jewell Taylor.

Un autre projet de loi déposé à l’Assemblée nationale vise à considérer comme un crime les relations sexuelles entre personnes du même sexe.

Ces décisions interviennent après un vif débat public sur les droits des homosexuels à la suite du dépôt par un groupe de militants d’un projet de loi légalisant le mariage entre personnes du même sexe.

Le leader du Mouvement de défense des droits des gays et des lesbiennes avait été agressé sur un campus et secouru par la police, alors qu’il tentait de défendre ce projet.

Ces faits avaient suscité une vive émotion dans le pays, dont la présidente Ellen Johnson Sirleaf a reçu le prix Nobel de la Paix en 2011.

La position de la présidente sur les droits des homosexuels n’est pas claire. « Nous aimons nos façons d’être. (…) Nous avons certaines traditions dans notre société que nous voulons préserver », a-t-elle affirmé dans une interview au journal britannique The Guardian.

Les Etats-Unis, principal partenaire économique du Liberia, ont averti en décembre qu’ils étudieraient la situation des droits des homosexuels avant d’attribuer leur aide, ce qui a contratrié beaucoup d’Etats africains qui considèrent que l’homosexualité n’est « pas africaine ».

« Je pense que si des législations discriminaient des groupes, nous devrions en tenir compte dans notre relation », a déclaré mardi la porte-parole du Département d’Etat américain Victoria Nuland en réponse à l’interview.

Dans une lettre au Guardian, le gouvernement libérien a répondu qu’il n’y avait pas au Liberia de loi « anti-gay » et que « s’il y en avait une, la présidente ne pourrait pas la défendre ».

« Ce que la présidente a voulu dire est qu’elle opposera son veto à toute loi prise avant elle concernant l’homosexualité. Cette déclaration s’applique aussi à un projet déposé par deux députés d’introduire des lois plus dures contre l’homosexualité », selon cette lettre qui ajoute que le gouvernement pense que la législation actuelle est suffisante en la matière.

« La réalité est que l’état actuel est un état de tolérance et que personne n’a été poursuivi d’après cette loi ».