Genève : l’association « Dialogai » se mobilise pour les requérants homosexuels, harcelés dans les centres d’accueil

«Si vous disposez d’une chambre à louer, et que vous êtes prêt à accueillir un nouvel arrivant en Suisse, merci de nous contacter». C’est en ces termes que Dialogai a fait appel aux Genevois, le 11 août dernier, pour venir en aide aux réfugiés homosexuels victimes de harcèlement dans les centres de requérants.

«C’est une première, reconnaît Michael Häusermann, chargé des questions d’homophobie au sein de l’association genevoise. Nous sommes au courant de ce type de situations depuis peu à Genève. En une année, nous avons eu connaissance de quatre cas de discrimination homophobe à l’égard de requérants résidant en centre d’accueil. L’un d’entre eux a même reçu des coups. Le problème, c’est qu’ils n’osent souvent rien dire».

« Se faire discret »

Ces victimes ont dû quitter leur patrie pour des raisons d’homophobie. Dans certains pays, notamment en Afrique, l’homosexualité est hors la loi. Si venir en Suisse représente leur salut, cela ne signifie pas forcément la fin des discriminations. Dans l’attente de leur régularisation, les réfugiés homosexuels sont hébergés dans des centres de requérants d’asile où leur situation vire souvent au cauchemar. Contraints de vivre avec des personnes venant des mêmes pays ou régions qu’eux, ils retrouvent alors cette même homophobie qu’ils ont pourtant cherché à fuir.

Sur les quatre cas de harcèlement répertoriés par Dialogai à ce jour, deux ont pour le moment obtenu un hébergement hors d’un foyer de réfugiés. Militants de la cause gay dans leur pays, Abdel* et son compagnon ont vu leur vie menacée et ont donc dû se résoudre à plier bagage. Arrivé à la fin de l’année 2013 en Suisse, le couple a d’abord connu le centre de Vallorbe puis celui d’Anières, dans la campagne genevoise. «A Vallorbe, c’était difficile car il y avait beaucoup de musulmans radicaux, nous avons dû nous faire discrets», raconte Abdel.

Permis F uniquement

Grâce à cette «discrétion de tous les instants», les deux jeunes hommes parviennent à éviter les ennuis. Il y a cinq mois, Abdel et son compagnon ont finalement quitté le centre d’Anières pour un appartement en ville de Genève. Un déménagement rendu possible grâce à la générosité d’un proche de l’association Dialogai et à l’intervention de l’Hospice général. Ce dernier se charge d’établir un contrat de sous-location et de payer le loyer.

«Nous n’intervenons qu’à certaines conditions, précise Bernard Manguin, porte-parole de l’Hospice général. Le requérant doit être au profit d’un permis F, c’est-à-dire en attente de régularisation et non en situation d’urgence (ndlr: non-entrée en matière ou débouté). Il faut également qu’il n’y ait pas d’autres solutions possibles qu’un hébergement hors du centre.»

Depuis l’appel de cet été, Dialogai a reçu trois réponses. «L’une a dû être déclinée car la personne habitait à Lausanne, l’autre est en cours d’évaluation, explique Michael Häusermann. Aujourd’hui, nous cherchons surtout une solution pour cette personne qui a été victime de violences physiques. Notre objectif est également, à travers cette démarche, d’améliorer l’intégration des requérants homosexuels en faisant appel à la solidarité de la communauté gay.»

(*) Identité connue de la rédaction

Aymeric Dejardin-Verkinder