Homoparentalité : Louise a deux mères, un père, et une belle-mère :)

Paris, il y a 30 ans, presque jour pour jour. Les années 80. La petite Louise ne le sait pas encore, mais elle va naître neuf mois plus tard. Sa mère, c’est Sybille. C’est aussi Sylviane, sa marraine (la compagne de sa mère), et un peu Françoise, la femme de son père : trois féministes convaincues. Sur l’acte de naissance, le père est inconnu. Pourtant, l’homme est connu : c’est un grand militant de gauche.

Toute la famille est présentée dès les premières images de « Louise, son père, ses mères, son frère et ses sœurs », tourné il y a dix ans.

« C’est maman qui a prêté papa »


Les mères de Louise par forumdesimages

Au début des années 80, donc, Sybille et Sylviane, en couple depuis plusieurs années, décident de fonder une famille. Pas de projet d’adoption, ni de PMA ou de GPA, mais le choix d’une méthode « naturelle ».

Gérard raconte :

« Deux amies de mon épouse, militantes elles aussi, et qui vivaient ensemble, voulaient un géniteur. Elles ne me l’ont pas demandé à moi, elles l’ont demandé à mon épouse, qui est venue me dire : “Moi, je suis d’accord. Qu’est-ce que tu en penses ?” J’ai dit : “Oui, c’est un droit démocratique.” »


« Veux-tu être son géniteur ? » par forumdesimages

Il faut écouter Gérard raconter cette histoire, mais aussi Sibylle, Sylviane et Françoise donnant leur propre version.

Le film de Stéphane Mercurio et Catherine Sinet « Louise, son père, ses mères, son frère et ses sœurs » retrace l’aventure de cette famille pas tout à fait comme les autres, à travers les regards croisés de tous ses membres.

C’est une histoire d’amour entre deux femmes, autant qu’une histoire d’amitié entre deux couples. Un de ces récits tout en pudeur éclairant les débats sur l’homoparentalité et la famille.

Il semble ne pas y avoir de tabou (« C’est maman qui a prêté papa, car c’est génétiquement impossible », dit la fille de Gérard et Françoise, donc la demi-sœur de Louise), mais il y a pourtant de la douleur cachée. Celle de Sylviane, la deuxième mère, la « figurante » comme elle se nomme, qui explique s’être sentie extérieure à la relation fusionnelle entre Sybille et Louise :

« J’ai vécu la situation d’un mari en étant une femme. »

Le « géniteur » ? Gérard Filoche

Aujourd’hui, Sylviane a pu adopter Louise, devenue entre-temps contrôleuse du travail : Louise suit les traces de son « géniteur », Gérard Filoche. Oui, Filoche, le contrôleur du travail et « militant politique et syndical » comme il se définit lui-même. Le cofondateur de SOS Racisme, chroniqueur de Siné Hebdo et de L’Humanité, jamais avare de phrases chocs.

Filoche l’a vue grandir, l’a emmenée en vacances, mais ne l’a pas élevée.

Derrière celui qui voudrait « virer Valls pour sauver le PS », se cacherait-il un deuxième homme, discret et pudique ? Un père autant qu’un géniteur, heureux de répéter cette petite phrase dite récemment par sa fille sur un plateau télévisé :

« Elevée par des homosexuelles, finalement, c’était bien. »

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