Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, évoquait « des revendications déjà existantes » lorsqu’il a déclaré vendredi que le mariage homosexuel pourrait à terme ouvrir la voie à la polygamie ou à l’inceste, a expliqué samedi le diocèse de Lyon.
« Cette déclaration a été très mal reçue, parce que mal comprise. Il ne s’agit pas d’assimiler un comportement à un autre, mais de dire que d’autres revendications, déjà existantes, suivront », a indiqué à l’AFP un porte-parole du diocèse.
Dans une interview diffusée vendredi soir par la radio RCF et la chaîne TLM, réalisée après une rencontre avec le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, Mgr Barbarin avait redit son opposition au projet de loi sur le mariage homosexuel, qualifié de « rupture de société ».
« Après, ça a des quantités de conséquences qui sont innombrables. Après, ils vont vouloir faire des couples à trois ou à quatre. Après, un jour peut-être, l’interdiction de l’inceste tombera », avait ajouté le Primat des Gaules, appelant à un débat national sur le sujet.
Si le cardinal, sans revenir sur ses propos, ne souhaite plus s’exprimer pour l’instant, le diocèse a fait savoir dans un communiqué que Mgr Barbarin s’était seulement « fait l’écho de revendications nouvelles +qui commencent à se faire jour+ ».
« Il convient de préciser que le ‘polyamour’ ou les ‘unions à plusieurs’ deviennent un sujet d’actualité », écrit le diocèse, renvoyant à trois articles de l’Express, du Monde et du Petit journal. Ces textes évoquent notamment une union civile à trois célébrée en mai dernier au Brésil.
Le diocèse rappelle par ailleurs que l’archevêque de Lyon a tenu « à distinguer les questions personnelles des questions de société », rappelant que « toute personne doit être respectée dans ce qu’elle est » et que les homosexuels ont leur « place » dans l’Eglise.
A l’approche de la présentation du projet de loi en conseil des ministres, le 24 octobre, les propos de Mgr Barbarin ont déclenché une série de réactions à gauche: le Parti radical de gauche a qualifié d' »égarements » les déclarations de l’homme d’Eglise, l’invitant à admettre « la laïcisation du droit ».
La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a affirmé que le mariage pour tous était « une question d’égalité des droits », tandis que Manuel Valls a estimé que l’opinion était « mûre et favorable » à cette « évolution majeure pour la société ».
En revanche, dans un entretien au Monde paru samedi, le président du Consistoire central israélite de France, Joël Mergui, a déclaré que le mariage des homosexuels allait changer « le modèle naturel de la famille ». « La religion juive ne reconnaît évidemment pas le mariage homosexuel. Mais, au-delà de l’interdit religieux, je m’interroge sur le sens d’une société qui accorderait la même normalité à des familles où l’enfant aurait deux pères ou deux mères au lieu d’un père et d’une mère, le modèle traditionnel », a dit Joël Mergui.