Tags homophobes : Harcelé depuis plusieurs années, il réussi à filmer le suspect !

La vidéo dure une quinzaine de minutes. Elle a été prise par la caméra de surveillance installée sur la maison parentale d’Axel*, un jeune homme de 26 ans domicilié dans une petite commune de la banlieue sud de Nancy.

Dans la nuit de vendredi à samedi, vers 3 h, on y observe un individu coiffé d’une casquette et porteur d’une bombe de peinture, s’introduire dans l’enceinte de la propriété. Si l’on en croit sa démarche, l’homme pourrait être sous l’effet de l’alcool. À plusieurs reprises, il va tagger la façade et le hall d’entrée de la maison. Sans oublier le capot de la voiture stationnée dans l’allée de garage ainsi que le trottoir devant l’habitation.

Des inscriptions homophobes découvertes au petit matin par Axel et sa famille. « Cela a été un choc. Je suis désespéré », confie la victime qui par le passé, avait dû quitter son appartement nancéien afin de fuir des faits similaires. « Nous avons mis du sable sur le trottoir et recouvert les tags de chaux, en façade. Pour la voiture, il va falloir passer par un garagiste… Ca ne peut plus durer, je n’en peux plus ! », lâche ce jeune diplômé de l’enseignement supérieur. Son calvaire ne s’arrête pas à ces tags qui, par vagues, viennent maculer sa vie privée et perturber son activité professionnelle. SMS, cartes postales, appels téléphoniques, mails, traque sur les réseaux sociaux, diffusions de photos… Les éléments qu’il a collectés dans un dossier s’accumulent. Mais jusqu’alors, le suspect est toujours passé entre les mailles.

« Ce qui me scandalise, c’est que cette situation perdure comme s’il ne se passait rien ! »

« J’ai dû changer trois fois de numéro de portable et bloquer l’individu, ses contacts et ses faux profils sur Facebook », confie cet enseignant en musique. La violence touche à son paroxysme lorsqu’en 2013, Axel apprend que sa personne a pu faire l’objet d’un contrat. « Mon harceleur aurait payé 500 € trois individus pour m’agresser physiquement ». Le sombre projet n’aboutira pas et le jeune homme, poussé jusqu’aux limites de sa résistance psychologique, attentera à ses jours.

Depuis trois ans, les multiples plaintes déposées par Axel contre son harceleur présumé domicilié dans l’agglomération de Nancy et « rencontré en colonie de vacances, alors que ce dernier était directeur » – n’ont jamais abouti. « Il aurait sans doute aimé que nous ayons une relation et je pense avoir été clair : il n’en a jamais été question même si j’ai été un temps proche de lui pour l’aider à surmonter ses difficultés », assure Axel qui, ce 10 juin, recevait un avis de classement sans suite du procureur de la République relatif à l’une de ses plaintes. « Je viens d’envoyer par mail au commissariat de police de la rue Saint-Léon à Nancy, les photos des tags dont ma famille et moi venons d’être victimes dans la nuit du 19 au 20 juin. Les policiers ont déjà mon dossier. Mais pour ces dégradations, je pense que ma famille va porter plainte à la gendarmerie ».

Par le passé, Axel avait déjà été auditionné par « les gendarmes de Dombasle » à la suite d’un courrier adressé au président la République. « Cet homme ne cessera-t-il jamais de me nuire, de me harceler ? Pour que je mette fin à mes jours ? Ce qui me scandalise c’est que cette situation perdure comme s’il ne se passait rien ! Ce qui m’inquiète également c’est que ce monsieur est en contact avec des enfants ». Axel s’est tourné vers le ministère de l’Education nationale et vient d’obtenir une réponse du cabinet de Madame la ministre. « On m’a informé que mon courriel avait été transmis à la Garde des Sceaux afin qu’elle apporte un soin tout particulier à la situation », relève le jeune homme, en donnant lecture de la réponse du cabinet ministériel. Avec une lueur d’espoir dans les yeux. « Je veux juste me (re) construire, faire ma vie. En paix, tout simplement ».

Cet individu que Thomas met en cause, metronews est parvenu à le retrouver. Joint par téléphone, il dit avoir connu le jeune homme « il y a longtemps », mais se défend et répète: « Je n’ai rien à voir avec cette affaire. C’est un peu facile d’accuser les gens comme ça. »

Reste que Thomas n’a jamais été inquiété pour diffamation. Alors pourquoi cette affaire, en cours depuis deux ans et demi, ne trouve-t-elle aucune issue juridique ? Contactée, l’avocate de Thomas blâme « la lenteur de la justice » et envisage de déposer une plainte entre les mains du juge d’instruction. Pour la victime, cela ne fait pas de doute : « Je suis persuadé que cet homme a des amis parmi les officiers », avance-t-il. Quant à la police de Nancy, elle décrit « un dossier ambigu », précisant que l’enquête est bel et bien en cours.

(*) le prénom a été modifié.

avec Alain THIESSE