Yahya Jammeh est au pouvoir en Gambie, un petit Etat africain près du Sénégal, depuis 1994 à la suite d’un coup d’Etat militaire. Il fait régner la terreur la plus totale dans son pays, depuis de nombreuses années. Le tyran mégalomane vient d’annoncer qu’il a réussi à guérir 68 personnes atteintes du VIH à des stades divers en utilisant un mélange d’herbes bouillies, dont lui seul a le secret…
La nouvelle a provoqué un tollé général sur la scène internationale, causant la colère des experts médicaux occidentaux qui ont affirmé qu’il donnait de faux espoirs aux malades. Mais le président de Gambie est formel : il prétend avoir guéri 68 personnes atteintes du VIH avec un mélange d’herbes médicinales, tout en psalmodiant des prières musulmanes. Son traitement a été reconnu par le ministère gambien de la Santé, sur la base des témoignages des patients soignés.
Les guérisons supposées n’ont pas été reconnues par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), bien au contraire. L’OMS a déclaré que son « traitement » était alarmant parce que les patients sont tenus de cesser de prendre leurs médicaments anti-rétroviraux, ce qui les rend encore plus vulnérables à l’infection. Le président gambien a réagi : « Qui suis-je pour que tout le monde m’encense ? Le prophète Mahomet a également été critiqué et pourtant il a réussi à établir l’Islam. Et moi également je suis critiqué et pourtant j’ai réussi à guérir 68 patients atteints du VIH ! ».
Yahya Jammeh prétend également pouvoir guérir l’asthme, l’hypertension artérielle et le diabète ! Quelques ministres qui ont eu recours à ses « services » peuvent en témoigner…
Le président gambien est un peu le fils spirituel d’Amin Dada et de Bokassa. Farouche opposant à la liberté de la presse, il viole en permanence les droits de l’Homme dans son pays. Le 28 septembre 2009, il n’hésitait pas à menacer de mort les défenseurs des droits de l’Homme, lors d’une interview à la télévision d’Etat, accusant ceux qui aideraient ces derniers de vouloir « déstabiliser le pays ».
La Gambie est également un pays réputé pour la chasse acharnée que son président fait contre les homosexuels. Le dictateur avait donné, en 2008, un ultimatum de 24 heures à tous les gays pour quitter le pays, au risque de se faire couper la tête. En février dernier, il déclarait que l’homosexualité était une « abomination » : « Cela n’existe ni dans la Bible ni dans le Coran. C’est un péché. Je vous le dis, parce que cette nouvelle vague qui tend à imposer l’homosexualité ne sera jamais acceptée dans ce pays ». A la suite de nombreuses protestations d’organisations internationales pour les droits de l’Homme, il a répondu de façon cinglante : « Nous savons ce que sont les droits de l’Homme. Les êtres humains du même sexe ne peuvent pas se marier ou sortir ensemble. Si vous pensez que détruire notre culture relève des droits de l’Homme, vous faites une grossière erreur parce que si vous êtes en Gambie, vous êtes au mauvais endroit ».
Giuseppe Di Bella