Le Conseil fédéral soutient une motion d’un conseiller national. Parmi les conditions: que les donneurs se soient abstenus de toute relation sexuelle durant une année.
Les homosexuels sont interdits de dons du sang en Suisse depuis 1977. La Croix-Rouge s’assure de l’orientation sexuelle de ses donneurs avec un questionnaire. Mais le conseiller national Daniel Stolz (Radical/BS) a déposé au mois de mai dernier une motion visant à abolir cette pratique jugée discriminatoire.
Dans sa réponse donnée à l’automne, le gouvernement soutient le projet. «Le Conseil fédéral est également d’avis que tous les efforts doivent être entrepris pour que le comportement à risque et non pas l’orientation sexuelle soit un critère d’exclusion.»
L’association faîtière Transfusion CRS Suisse avait déjà adressé en juin une lettre en ce sens à Swissmedic, le gendarme sanitaire en Suisse. C’est en effet cette instance qui a le pouvoir de modifier le questionnaire et donc, de faire évoluer la pratique actuelle.
Les modifications à proprement parler n’ont pas encore été arrêtées, mais il est question d’une période d’abstinence, rapporte la Basler Zeitung dans son édition du 13 octobre. Le don du sang ne serait en effet ouvert qu’aux homosexuels qui pourraient prouver qu’ils sont restés une année entière sans relation sexuelle, même protégée, a indiqué Rudolf Schwabe, directeur de Transfusion CRS Suisse.
Cette condition existe déjà en Suède alors que les homosexuels en Italie, en Lettonie, en Espagne ou encore au Portugal n’y sont pas soumis.
Pour Daniel Stolz, également directeur de la prévention pour le sida dans les deux Bâle, cette condition est «dans les faits impraticable». Il n’existe à ses yeux aucune justification médicale, même s’il y a un risque accru de contamination VIH parmi les homosexuels.
«Une période de douze mois n’a aucun sens et ressemble plus à de l’arbitraire qu’à une mesure de santé», a-t-il ajouté, estimant que ce n’est pas cette mesure qui va attirer les homosexuels dans les centres de récolte du sang.
Bastian Baumann, directeur de Pink Cross, est du même avis. Il milite depuis longtemps pour lever l’interdiction faite aux homosexuels de donner leur sang. Il ne devrait y avoir aucune question sur l’orientation sexuelle des donneurs, demande-t-il, et on devrait plutôt s’informer sur les comportements à risque et les rapports non-protégés. Il a d’ailleurs connaissance d’homosexuels qui donnent leur sang bien qu’ils n’y soient normalement pas autorisés.
En 2014, six cas de donneurs positifs au virus VIH ont été découverts en Suisse. La moyenne pour ces dernières années a oscillé entre deux et six.
Et en France ?
Le 7 octobre dernier devait se dérouler une grande réunion plénière pour finaliser le projet d’arrêté et supprimer la discrimination au don du sang que subissent les homosexuels et bisexuels.
Mais à la grande surprise de tout les participants au groupe de travail du ministère dont je fait parti grâce à vous, la réunion a été reportée au 20 octobre prochain au profit d’une simple réunion d’écoute avec le directeur général de la santé. Date à laquelle Marisol Touraine aura pris sa décision définitive et sans appel sur le scénario qu’elle aura retenu et qui sera probablement de demander une période d’abstinence injustifiée.
Mais nous avons les moyens faire pression et de nous faire entendre, il faut que notre ministre de la santé soit à notre pleine écoute et cesse de se dérobée et de nous déstabiliser pour imposer un choix qui pourrait être catastrophique.
STOP HOMOPHOBIE
avec la Tribune de Genève