Vingt ans de réclusion pour meurtre homophobe

Stéphane Breuer a été condamné à vingt ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Pierre-Edouard Gauthier. La cour d’assises de la Moselle a retenu la circonstance aggravante du crime à caractère homophobe.Stéphane

Avec la circonstance aggravante du crime homophobe, stephane Breuer, coupable du meurtre de Pierre-Edouard Gauthier, un enseignant de mathématiques de 73 ans, encourait la réclusion criminelle à perpétuité. En le condamnant à passer vingt ans derrière les barreaux, assortis d’un suivi socio-judiciaire pendant sept ans, la cour d’assises, malgré cette circonstance aggravante, lui a certainement trouvé des circonstances atténuantes. Sans doute dans le parcours de vie de cet accusé de 26 ans, qui a été le fil conducteur de la plaidoirie de la défense. « La cour d’assises le sait, il y a des destins criminels qui se tracent dès le berceau, a insisté Me Xavier Iochum. Stéphane Breuer est un enfant drogué à l’alcool dès le biberon. À son entrée en maternelle, il est signalé cruel et violent. Sa vie, ensuite, n’est qu’une suite d’errances. La violence est en lui, comme un cadeau empoisonné donné dès la naissance. » Puis, le défenseur s’interroge : « Pouvait-on attendre autre chose de Stéphane Breuer que l’image d’un déchet social ? » Ce « déchet social » que personne ne voit, Pierre-Edouard Gauthier accepte de le recevoir à son domicile. Malgré les mises en garde, ces dernières années, de son cercle d’amis fidèles, inquiet de le voir s’intéresser à de jeunes marginaux.

« Signature du crime »
Au terme de trois jours de procès, toutes les parties se sont accordées sur un point : Stéphane Breuer connaissait sa victime depuis plus longtemps qu’il ne le prétend. « Il en sait trop sur sa vie », a résumé Marie Staechelé, avocate du frère de Pierre-Edouard Gauthier. « Le meurtre est intervenu dans une relation complexe qui s’est nouée entre ses deux personnes et la victime avait un goût pour ce type d’homme », a plus tard enchaîné Me Iochum. « Deux mondes diamétralement opposés, l’un raffiné et l’autre marginal, se sont rencontrés, a développé l’avocat général Thomas Bernard. Pierre-Edouard Gauthier aimait les mauvais garçons à qui il donnait facilement de l’argent. » Mais les jurés l’ont-ils entendu quand il leur a demandé « de ne pas juger la vie intime de la victime ? Vous êtes ici pour le code pénal et non pour le code de la morale. La double vie de Pierre-Edouard Gauthier n’était pas faite de violences. C’est l’accusé qui est violent ».

Toujours est-il que la cour d’assises a retenu le caractère homophobe du meurtre, développé tant du côté de la partie civile que du ministère public. « Sur le plan juridique, la personne décédée ne peut pas être violée, a expliqué Thomas Bernard. Mais l’introduction post-mortem de la bouteille est la signature du crime, car cet acte démontre la volonté d’humilier, de rabaisser la victime en raison de son orientation sexuelle. Seul le caractère homophobe ne peut expliquer un tel déferlement de violences. »

Dans la nuit du 23 au 24 juillet 2010, Pierre-Edouard Gauthier, cette figure de la bourgeoisie messine, a perdu la vie dans des conditions atroces. Mort sous les coups d’un jeune homme qu’il espérait sûrement aider. Lui qui « ne supportait pas de voir ces jeunes se détruire », avait confié lundi son fils de cœur.

Source : http://www.republicain-lorrain.fr/moselle/2012/10/18/vingt-ans-de-reclusion-pour-meurtre-homophobe