Dans la soirée du vendredi 4 mars, une adhérente de l’Association Nationale Transgenre a été victime d’une agression transphobe et sexiste à Lille. Tout d’abord insultée et stigmatisée dans le métro — en utilisant des termes tels que « c’est pas une vraie femme, on vérifie ? », « on va te faire de ces trucs, tu vas rien comprendre » ou encore « hey le travelo » par un groupe d’individus, elle a demandé de l’aide aux agents de la société Transpole qui l’ont aidée à sortir de la station sans encombres. Par la suite, deux de ces individus ont réussi à la retrouver alors qu’elle poursuivait son chemin. Après plusieurs agressions verbales toujours aussi haineuses à l’encontre de notre adhérente, celle-ci a reçu un violent coup de pied dans le dos de la part de l’un des agresseurs, qui ont ensuite pris la fuite.
Une plainte a été déposée pour violence commise en réunion suivie d’une ITT (incapacité totale de travail) n’excédant pas huit jours, indique l’association dans son communiqué, avec le vif espoir qu’elle ne restera pas « lettre morte ».
« Les services de police et le Procureur de la République de Lille doivent prendre la mesure de tels actes qui, s’ils ne sont pas réprimés, ouvriront un jour la porte à l’irréparable ».
L’occasion en cette journée internationale des droits des femmes de ne pas oublier « les femmes transidentitaires, confrontées à la double oppression de la transphobie et du sexisme, et toujours soumises par les gouvernements successifs à la stérilisation, la pathologisation, la judiciarisation pour accéder à un changement d’état civil », écrit l’association, qui rappelle d’ailleurs que l’État français ne mène toujours aucune politique visant à protéger la population transgenre, « la laissant dans l’insécurité et obligeant les personnes à déposer plainte sous des civilités et prénoms insultants au regard de leur identité de genre. La notion de citoyenne de seconde zone est une réalité pour les personnes transidentitaires ! »
L’Association Nationale Transgenre, particulièrement préoccupée par le sexisme, l’homophobie et la transphobie qui ne reculent pas en France, rappelle ainsi que la Journée Internationale des droits des femmes se doit d’être inclusive de toute personne revendiquant une identité de genre féminine, et ce quelle que soit son orientation sexuelle.
Nous n’oublierons pas non plus les lesbiennes, dont l’accès à la PMA est toujours interdit en France à raison de leur orientation sexuelle.
Particulièrement indécent effectivement de célébrer une telle journée en évacuant notamment des politiques publiques « les problèmes graves auxquels sont confrontées les populations lesbiennes et transgenres », déplore enfin l’association, qui s’indigne, pour ne prendre qu’un exemple, que la municipalité de Nancy, ville récemment “mariée” avec la « manif pour tous » (pas vraiment en pointe concernant les droits des femmes !), ait totalement occulté dans ses initiatives du 8 mars : « le cumul des discriminations visant les femmes lesbiennes et transgenres. En effet, dans toute la France, par transphobie, les femmes transgenres n’ayant pas obtenu de changement d’état civil sont délibérément exclues du dépistage gratuit du cancer du sein. Qui en parle ? C’est un exemple flagrant de la politique de l’Etat français, que l’on peut ici qualifier de criminelle ! »
« Le gouvernement en place doit entendre la voix de la raison, celle du respect des droits humains et non celle des intégristes religieux et des sexistes ; elle doit ouvrir immédiatement le changement d’état civil libre et gratuit aux personnes transgenres et l’accès à la PMA à toutes les personnes désirant un enfant. Sans oublier de permettre la reconnaissance par la loi des violences et discriminations à raison de l’identité de genre. De même, l’ensemble des élus et parlementaires se revendiquant de la promotion de l’égalité pour toutes les femmes ainsi que de la lutte contre les violences qu’elles subissent dans notre société, y compris de la part de l’État, devraient promouvoir et soutenir sans hésitations ces propositions de bons sens. »
Pour conclure, l’association réaffirme la nécessité de mener une lutte sans concession contre « le sexisme et ses violences physiques et morales, les stéréotypes de genres, l’homophobie et la transphobie. L’hétéropatriarcat et l’essentialisme discriminent, violentent, et favorisent un contexte qui contribue aux violences sexistes et à la culture du viol qui sévissent toujours en France et dans le monde. Afin d’engager les réformes nécessaires, les mouvements féministes, lesbiens, gays, bisexuels, transgenres doivent pouvoir accéder à la place centrale qui leur est due de part leur expertise pour construire une société respectueuse et plus juste au regard de sa diversité ! »
Le dernier rapport gouvernemental, « Vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes », édition 2015, démontre que les stéréotypes de genre et le faible accès aux postes de direction des femmes sont toujours de mise au « pays des droits de l’homme ». Quant aux violences faites aux femmes, les chiffres sont toujours aussi scandaleux dans une démocratie qui se dit moderne : une femme décède tous les 2,8 jours, victime de son conjoint…