Tandis que la ville de Charlotte et plusieurs autres localités voulaient autoriser les personnes transgenres à utiliser les toilettes de leur choix, les parlementaires républicains de la Caroline du Nord ont ratifié au contraire ce 23 mars, une loi leur imposant l’utilisation des lieux sanitaires publiques correspondant au sexe biologique, rapporte le New York Times.
Plusieurs États américains avaient essayé de faire passer des législations restrictives similaires, sans succès. C’est le cas du Tennesse, qui visait spécialement les étudiants. La proposition de loi n’a finalement pas rassemblé les suffrages nécessaires, notamment après l’audition et les témoignages de jeunes adultes transgenres qui ont raconté leurs difficultés quotidiennes. Le gouverneur du Dakota du Sud a mis son veto début mars à une mesure du même acabit qui avait obtenu les faveurs des députés et des sénateurs. Des lois ont aussi échoué en Floride et dans le Nevada.
Les toilettes publiques enflamment aussi bien des débats au niveau fédéral. En novembre 2015, l’ex-candidat à la primaire républicaine Ben Carson proposait des toilettes séparées pour les personnes transgenres. En août 2015, dans un geste précédant plusieurs décisions symboliques concernant les personnes trans, comme la nomination d’une personne trans chargée du recrutement, la Maison Blanche a adopté des toilettes de genre neutre et les démocrates ont annoncé en juillet plancher sur une proposition au niveau fédéral.
Pouvoir se rendre dans des toilettes conformes à leur identité de genre est une nécessité vitale pour de nombreuses personnes trans, particulièrement les adolescents et les jeunes adultes, les plus vulnérables. Ils ont entre deux et trois fois plus de risques de subir des violences sexuelles, verbales ou physiques que les jeunes hétéros, explique le chercheur Arnaud Alessandrin, contacté par Slate.fr. « Dans les témoignages sur cette question revient souvent l’aspect anxiogène des lieux sexués non mixtes (sport, toilettes) », explique-t-il.
Une enquête publiée en 2015 montre que 6% des filles et 8% des garçons se sont fait retirer leurs vêtements de force durant leur scolarité. Or, « les témoignages tendent à prouver que ce sont les filles victimes de sexismes et les jeunes LGBT qui en sont les cibles, et que les vestiaires et toilettes en sont les théâtres », ajoute encore Arnaud Alessandrin, résultant en un « absentéisme fort des élèves trans et LGBT ».