Le projet de réforme constitutionnelle visant à légaliser le mariage de même sexe divise le Mexique

« Le droit de former une famille appartient à tout le monde, sans égard à une orientation sexuelle », avait déclaré le président Enrique Peña Nieto, en annonçant ce mardi 17 mai lors de la journée internationale lutte contre l’homophobie, un projet de réforme constitutionnelle visant à légaliser le mariage de même sexe partout au Mexique. Qualifiée de « belle surprise » par des organismes mexicains, la déclaration présidentielle s’est vite attirée les critiques de l’Église et d’une partie de la société civile.

Dans un communiqué, les évêques du Mexique ont ainsi exigé la tenue d’un vaste débat sur la question afin d’en « (…) étudier en profondeur toutes les conséquences ». Le président de la Conférence de l’Épiscopat mexicain, le cardinal José Francisco Robles a insisté sur le fait qu’il n’existait « (…) aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu sur le mariage et la famille », reprenant ainsi un passage de l’exhortation apostolique post-synodale Amoris Laetitia du pape François.

Une pétition en ligne lancée mercredi 18 mai par des citoyens jugeant que la réforme « menaçait l’institution familiale » a récolté plus de 28 000 signatures en seulement quelques heures.

La question divise profondément le pays, où plus de 80 % de la population se dit catholique. Selon une enquête réalisée par le Pew Research Center en 2014, seulement 49 % des Mexicains y seraient favorables.

Cinq des 32 entités fédérales qui composent le Mexique ont toutefois déjà adopté une législation dans ce sens, dont Mexico, première ville d’Amérique latine à avoir autorisé les unions civiles entre personnes du même sexe en 2007, avant de légaliser le mariage pour tous en 2009. En juin 2015, dans une décision très controversée, la Cour suprême a également déclaré son interdiction comme étant inconstitutionnelle.

Le président de l’organisme Agenda LGBT, Jaime Lopez Vela, qualifie « de grand succès » l’étude de ce projet mais voit toutefois poindre à l’horizon des manifestations contre la réforme. « Il y a des réticences de la part des États du centre du pays, très conservateurs. Toutefois, leurs arguments sont purement discriminatoires et ont déjà été déboutés devant les tribunaux », soutient-il. « Nous sommes heureux, car le mariage homosexuel se trouve enfin à l’agenda présidentiel ! Mais nous attendons avec impatience les politiques le gouvernement proposera pour éduquer la population et tourner véritablement la page de l’homophobie ».

Si elle est adoptée, cette réforme fera du Mexique le cinquième pays d’Amérique latine à légaliser le mariage égalitaire, après l’Argentine, l’Uruguay, le Brésil et la Colombie.

avec Nancy Caouette (à Mexico)