>> What it’s like to be gay and Muslim
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De 2013 à 2015, la photographe allemande Lia Darjes est allée à la rencontre de musulmans gay pour comprendre comment ils vivent cette double identité.
« C’est l’histoire de Sodome et Gomorrhe qui sert habituellement de référence dans le Coran comme dans la Bible », note-t-elle dans le texte de présentation de son travail « Ame musulmane – Cœur gay ». S’appuyant sur les études de spécialistes des religions, elle relève que tout est affaire d’interprétation : « Selon des musulmans progressistes, le Coran ne dit pas clairement que l’homosexualité est un péché », écrit-elle.
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El-Farouk et Troy à Toronto, Daayie à Washington, Ludovic à Paris… Tous affirment avoir dû faire face doublement aux préjugés. Après l’attaque d’Orlando, le travail de Lia Darjes prend une nouvelle résonance.
« Je viens d’un pays où être lesbienne peut vous valoir la peine de mort », lui a confié à Toronto Samira, d’origine iranienne, qui, bien qu’athée, se considère de culture musulmane. « J’ai grandi dans une famille non pratiquante mais après le 11-Septembre, je suis soudainement devenue musulmane dans le regard des autres. Pourquoi les gens ne peuvent-ils pas comprendre qu’il y a différentes façons d’être musulman ? Pourquoi sont-ils capables de l’accepter pour le christianisme et le judaïsme et pas pour l’islam ? »
Pour Samia, également de Toronto : « Être homosexuelle et musulmane, cela veut dire que je peux être celle que Dieu a voulu que je sois : une femme instruite et compatissante qui aime son prochain. J’ai longtemps pensé que c’était une chose négative, mais plus j’en ai appris sur moi-même, plus j’en ai appris sur la communauté LGBT, et plus j’ai compris que nous sommes comme tout le monde. Nous avons les mêmes besoins que les autres. Nous avons les mêmes droits que tout le monde. »
« La religion sert d’instrument pour signifier, entre autres, aux gens qu’ils sont dans le péché. Quand vous êtes gay et que vous grandissez dans une famille juive, chrétienne ou musulmane conquise à ce genre d’interprétation, la violence spirituelle consiste à vous bourrer le crâne avec l’idée que vous avez un défaut terrible, irrémédiable. C’est pourquoi les gays finissent souvent par perdre la foi. Je suis aujourd’hui à un stade plutôt heureux de mon parcours, mais le chemin n’a pas toujours été facile », explique El-Farouk (cofondateur de la mosquée Toronto Unity).
« En tant qu’imam ouvert et homosexuel, je comprends les souffrances des gays musulmans. Je me suis converti il y a 34 ans », souligne aussi Daayie, devenu imam à Washington. « L’islam n’est pas uniquement une religion ou une croyance, c’est aussi un projet de vie qui dépend de la culture environnante. A partir du moment ou Allah démontre que la création est un lieu d’une grande diversité, la question est : la respectons-nous ? »
« En tant que musulman, j’ai le sentiment que c’est un fait, que c’est ainsi que j’ai été créé et que mes frères et mes sœurs ont tort de me dire que je suis une abomination », insiste pour sa part Joey, qui habite à Los Angeles. « C’est ma nature, c’est ainsi qu’Allah m’a créé. Malgré tout, il y a toujours une petite voix au fond de moi qui me dit : “Je suis haram !” (interdit). »
Selon Sara, 29 ans, artiste et auteure qui réside actuellement à New York. « Etre homosexuelle dans une communauté musulmane ne m’a jamais posé problème. C’est plutôt l’islamophobie le soucis auquel je suis confrontée dans certains lieux gays où les gens croient parfois qu’il n’est pas possible d’être à la fois homosexuelle et musulmane. »
Enfin, pour Ludovic-Mohamed Zahed, imam à Paris, si pendant des années il a pensé qu’il serait impossible de concilier son orientation sexuelle et sa foi, « être à la croisée de plusieurs minorités m’a ouvert les yeux sur les discriminations dont celles-ci font les frais. » Après avoir fondé une mosquée ouverte aux musulmans homosexuels, Ludovic-Mohamed parcourt aujourd’hui le monde pour lutter contre les préjugés et défendre une vision plus ouverte et plus humaine de sa religion : « En 2012, je n’ai pas trouvé en France un seul imam qui accepte de célébrer les funérailles d’un musulman transsexuel. J’ai alors fondé une mosquée ouverte à tous à Paris », parce que « Nous sommes l’islam, nous concevons nous-mêmes notre foi », déclare t-il encore cette semaine sur senepeople. « Les musulmans radicaux voient les choses différemment… Dans leur représentation de l’islam, il n’y a pas de place pour l’homosexualité. Mais ce sont des fascistes qui persécutent les minorités religieuses et ethniques. Ça relève du contrôle, du pouvoir et de l’argent mais pas de la spiritualité. En période de crise, les fascistes gagnent toujours de l’influence. C’était comme cela sous les nazis et sous les communistes en Europe de l’Est. En Birmanie, il y a bien des bouddhistes qui tuent des musulmans. Celui qui fait ça est un meurtrier, peu importe la religion à laquelle il appartient. Ça n’a rien à voir avec l’islam. »
Des menaces, il en a reçu beaucoup mais bien moins que des paroles de soutien. « Parfois ceux qui me critiquent comprennent aussi que je ne veux pas provoquer mais que je défends un islam plus humain. Rien ne m’est arrivé jusqu’à maintenant et je suis chanceux et redevable de pouvoir agir librement. Je n’ai pas peur de la mort, ce n’est qu’une autre forme de conscience. Mais j’espère que d’ici-là, j’aurais fait bouger les choses. »
avec LeMonde
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>> Lia Darjes spent some time taking photos in the blissfully lilac bedroom of El-Farouk and his husband, Troy, in Toronto. The men, both Muslim, are naturally lit in a peaceful aura of domesticity, sunken into a comfortable bed with their black cat.
But as with many gay Muslims she interviewed and photographed, unsettling inner dialogues are taking place beneath the surface.
« I could tell you where I am now and it would sound rather a happy place, » El-Farouk told Darjes. « But the journey to that place has not been an easy one. »
He told the photographer that many people like him have suffered « spiritual violence, where you are being told that there is something profoundly and deeply wrong with you.
« As a result, a lot of queer people end up leaving religion or stepping out of religion or having a very unhealthy relationship with religion. »
Over time, El-Farouk has managed to reconcile his spirituality with his sexuality.
« I started with the notion that it was sinful (to be gay) and that those who practiced it were problematic at best, » he said. « But that didn’t quite sort of seem right in the larger construct of the Quran and the Prophet that I believed to be true. … In verse 49.13, Allah says, ‘I created you to different nations and tribes and you may know and learn from each other.’ I just see queer folk as one of those nations or tribes. »
Darjes wanted to learn more about gay Muslims and their personal struggles. So she visited several cities in Europe and North America, hoping to gain people’s confidence for her photo project « Being Queer. Feeling Muslim. » It wasn’t easy.
« You are asking about their religion and their sexuality, the most two private things for most people. You really have to convince them, » she said. « I am not gay and I am not Muslim, and I come as an outsider. »
In Paris, Darjes spent time with Ludovic-Mohamed Zahed, an openly gay imam who opened the city’s first gay-friendly mosque.
« The reactions were quite vehement, » he told her. « Being Muslim, Arabic and gay and thus a member of several minority groups opened my eyes: Minorities are being discriminated against, particularly in times of economic crisis. We have to know more about Islam, and we have to understand who we actually are in order to fight homophobia. »
Darjes attended prayer sessions at the mosque, which is perched in a Muslim neighborhood.
« I just sat there in a corner during the sessions when I met this woman who was, for the first time since coming out, able to attend prayer without feeling guilty, » Darjes said. The woman was also « feeling relieved to be in a community again. »
The United States proved to be Darjes’ first major challenge, the photographer said.
« There were no events, and people were being extremely private, » she said.
That was until she met openly gay imam Daayiee Abdullah, a former Southern Baptist turned Muslim who studied the Quran in Beijing and opened a gay mosque in Washington.
« As an inclusive imam who is also gay, » Abdullah told Darjes, « I understand the turmoil of homosexual Muslims. When I converted to Islam 34 years ago, I wasn’t speaking Arabic yet. I was studying at Beijing University, and the first Quran I read was in Mandarin. That was a blessing for me. To get to know Islam in the Near East and the West, living there to continue forming my understanding that Islam is not monolithic, was necessary. »
« It is not only a religion or belief; it is also a formulation that depends upon the culture it enters. Allah demonstrates there is a great diversity already in creation. The question is: Do we respect that? »
Interpretations abound in the constant debate on whether it is acceptable to be gay in the Islamic faith. Some Muslim-majority nations are more tolerant toward the issue and accepting of the LGBT community. But there are also countries where homosexuality may be a capital crime.
« I am from a country where it is punishable by death to be gay, » said Samira, one of Darjes’ subjects who was born in Iran. « In 1979, when the Islamic Revolution began, my family immigrated to Canada, where I grew up pretty secular. »
Darjes said the LGBT communities she worked with were « very positive » and more defiant than ever. Her resulting photographs, naturally lit, often carry discreet hues of blue, a spiritual color that also creates an atmosphere of serenity in the individuals portrayed.
« I rarely got the feeling I was going to work with traumatized people, » she said. « You had a feeling they had arrived at something, that they had found something good in these associations and meetings. »