En juin, la Société canadienne du sang a réduit le délai d’exclusion du don du sang pour les homosexuels à 12 mois d’abstinence précédant la collecte. Il était de 5 ans jusque-là.
Le seuil a été baissé « mais l’interdiction demeure et véhicule toujours des stéréotypes négatifs envers les homosexuels », estime Christopher Karas. Le jeune activiste, originaire de Toronto, vient de déposer une plainte au Tribunal canadien des droits de la personne pour dénoncer cette politique « basées sur des peurs, et non de la science. »
L’interdiction pour les homosexuels de donner leur sang a été instaurée dans les années 80, en pleine crise du VIH. Mais le dépistage s’est perfectionné depuis, et la Société canadienne du sang « le teste de toute façon », peu importe l’orientation sexuelle. « Il n’y a pas de raison pour laquelle je ne pourrais pas en donner », insiste le jeune homme qui ne veut plus attendre. « Empêcher des gens de donner du sang à cause de qui ils sont ou de qui ils aiment, c’est inacceptable (…) Le premier ministre Justin Trudeau avait pourtant promis en campagne électorale d’abolir cette interdiction. »
En 2010, la Cour supérieure de l’Ontario a décidé que la Société canadienne du sang a le droit de refuser des dons sanguins d’hommes ayant eu des relations sexuelles avec d’autres hommes. Mais s’il n’est pas un droit en soi, l’exclusion du don en raison de l’orientation sexuelle a déjà été jugée « discriminatoire » par le passé, souligne sur Radio-Canada Jean-Claude Ménard, avocat spécialisé en droit de la santé, « et la jurisprudence est controversée » : « Au Québec, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a déclaré que c’était discriminatoire. Je pense qu’en s’adressant à un tribunal spécialisé dans les droits de la personne il n’est pas déraisonnable de penser qu’on pourrait obtenir un jugement plus orienté en fonction des droits fondamentaux. »
Le directeur général de la Société canadienne du sida, Gary Lacasse, estime également que « cette interdiction est dépassée et qu’il faudrait plutôt se baser sur le comportement sexuel de chaque individu » : « On n’est plus dans les années 80. Chaque personne peut avoir un comportement sexuel à risque, ne pas se protéger ou à avoir plusieurs partenaires sexuels, qu’il soit hétérosexuel, homosexuel ou transgenre. »
Aucune réaction pour le moment de la Société canadienne du sang concernant la plainte. Déposée le 15 août, elle n’a pas encore été approuvée par le Tribunal.
Terrence Katchadourian
stophomophobie.org