Appelée à « conformer ses statuts » aux exigences internationales de la FIFA, la Fédération zambienne de football (FAZ) a introduit fin 2016 le projet d’une clause dans son règlement pour interdire toute discrimination « contre un pays, une personne ou un groupe de personnes en raison de la race, la couleur de la peau (…) et de l’orientation sexuelle », désormais passible de « suspension ou d’expulsion ».
Sitôt dévoilé, le texte a fait « bondir » les dirigeants de l’Eglise et une brochette de gloires locales du football, qui ont dénoncé « une atteinte à la foi et aux valeurs chrétiennes » défendues par la Constitution.
Les relations entre personnes du même sexe, jugées « immorales », sont interdites en Zambie depuis la période coloniale britannique et le « crime de sodomie » puni d’une peine jusqu’à 15 ans d’emprisonnement.
L’adoption d’un tel règlement contredirait donc la loi, a fustigé un ex-membre du comité directeur de la FAZ, Masha Chilemena, fermement opposé à l’article :
« la Zambie est une nation chrétienne et toute recommandation de la FIFA, en conflit avec le christianisme, n’est pas la bienvenue ! Peu importe les sanctions », poursuit-il, quand bien même nos équipes « ne jouent plus qu’en ligue locale. »
Tout aussi « remonté », le président de la Fédération internationale des églises chrétiennes (IFCC), Simon Chihana, a menacé les instances du courroux de Dieu : « Notre Nation est bénie, nous ne pouvons autoriser une institution ou un individu à y importer les pratiques de Sodome et Gomorrhe ».
Les récits bibliques ne sont pas tous historiques, même si dans la mémoire des hommes ces deux villes englouties demeurent entre-autres le symbole de la « dépravation ». Et la notion de « colère », appliquée au « Dieu miséricorde », souligne le fait que « son amour ne saurait rien tolérer qui fasse obstacle à la vie », ni d’ailleurs le dévoiement de sa « parole et puissance » pour inciter au mépris et vanter la haine.
Des convictions néanmoins largement partagées dans le pays. Réélu l’an dernier, le président Edgar Lungu, s’était lui-même illustré par ses « diatribes » contre les homosexuels, en dépit des exhortations à la tolérance de certains des principaux pays donateurs de la Zambie.
« Il n’y aura pas de discussions sur les droits des gays ! Ce problème est étranger à notre pays. Et ceux qui les défendent devraient aller en enfer », avait-il lâché aux journalistes en 2013, alors ministre des Affaires étrangères, à l’endroit de deux jeunes hommes poursuivis pour actes « contre-nature ». Ces deux accusés, de 20 ans et 21 ans, par ailleurs soumis à des examens anaux forcés, ont finalement été acquittés « faute de preuve » par la justice, mais après plus d’un an passé en détention provisoire.
Pour apaiser la polémique, le secrétaire général de la FAZ, Ponga Liwewe, a rappelé que le projet était encore « en cours d’élaboration » et a promis de s’assurer qu’il ne violerait pas la loi. Mais, plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, dont Amnesty International et Human Rights Campaign, « l’implorent » de ne pas capituler face à la « croisade homophobe » de l’Eglise.
« Les intégristes, pour la plupart des Pentecôtistes, trompent le gouvernement et les masses », a également accusé Paul Kasonkomona, militant LGBT et coordinateur du projet, lui-même poursuivi en 2013, avant d’être acquitté, pour avoir osé réclamer la dépénalisation de l’homosexualité à la télévision.
« La Constitution dit que les droits de tous doivent être respectés. Je ne pense pas que la FAZ doive donc se sentir coupable : ils ne demandent pas aux gens d’avoir des relations sexuelles. Et puis, ce n’est pas un péché d’être gay ».
Terrence Katchadourian
stophomophobie.com
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>> A proposal by Zambian football authorities to ban discrimination against gays and lesbians has kicked off a dispute over homosexuality, which is illegal in the country and widely seen as immoral.
The new draft constitution of the Football Association of Zambia (FAZ) contains a clause banning discrimination on grounds of sexual orientation, in line with regulations from world governing body FIFA.
But Zambian church leaders and senior football figures have attacked the proposal as undermining the country’s devout Christian beliefs, which are protected by the national constitution.
Zambia does not implicitly ban homosexual sex, but it outlaws « carnal knowledge of any person against the order of nature ».
« Zambia is a Christian nation and any instructions from FIFA which will conflict with Christianity are not welcome, » former FAZ executive committee member Masha Chilemena told AFP.
« The FAZ cannot go against what is stipulated in the law of the land. »
« If FIFA is to impose sanctions on Zambia, we will play in the local league. »
International Federation of Christian Churches (IFCC) president Simon Chihana told AFP that if FAZ agreed to a clause banning discrimination against gays it would be « inviting the wrath of God ».
« We are a blessed nation and we cannot allow an individual or institution to bring the happenings of Sodom and Gomorrah here, » he said.
– Illegal in much of Africa –
Zambian President Edgar Lungu, who was re-elected last year, has spoken out strongly against gay rights, despite pressure from donor countries that provide essential aid to the country.
« Those advocating gay rights should go to hell… That issue is foreign to this country, » he said after the arrest of two Zambian gay men in 2013.
The two men, who faced 14 years in prison if convicted, were acquitted the following year after more than a year in jail.
Amnesty International said the accused were subjected to forcible anal examinations by government doctors seeking evidence of sexual activity.
Homosexuality is punishable by the death penalty in Mauritania, Sudan and some parts of Nigeria and Somalia, and is also illegal in 30 other African countries.
FAZ general secretary Ponga Liwewe said that the association would ensure its new constitution was not against Zambian law, stressing that the document was still at its draft stage.
« When it is finalised, it will reflect the laws of the country and the law of football so that there will be no conflict between the two, » Liwewe told AFP.
Human rights campaigners called on FAZ to take a stand against discrimination, with the Engender Rights Centre for Justice group accusing evangelical churches of waging an anti-gay crusade.
« It is overzealous people, mostly Pentecostal movements, that are misleading the government and the masses, » said ERCJ project coordinator Paul Kasonkomona, who was arrested and acquitted four years ago after he appeared on television calling for homosexual relationships to be decriminalised.
« The constitution says the rights of all should be respected, so let the rights of the minority be respected, » he said.
« I don’t think FAZ should feel that they are doing something wrong, they are not asking people to have sex. It’s not a sin to be gay. »