Comme chaque année, Flag ! a dévoilé lors de son Assemblée Générale ce 18 mars les chiffres officiels transmis par le ministère de l’intérieur, relatifs aux actes homophobes et transphobes commis en France et recensés par la Gendarmerie et Police Nationale.
Quelque 1384 plaintes en 2016, dont 347 enregistrées au sein des services de la GN (contre 529 en 2015), et 1037 en PN (contre 994 l’année précédente).
Les chiffres ont baissé en zone gendarmerie (-34,40 %) mais remontent légèrement pour la Police. Résultat probable des efforts encouragés par l’association pour prévenir et sensibiliser les effectifs. Avec 35 interventions durant l’année, Flag ! aura promu la diversité dans les écoles et auprès de quelque 5113 policiers et 340 gendarmes durant l’année.
Mais « parce qu’il demeure toujours plus aisé de déposer plainte dans les zones urbaines que rurales », l’association en appelle à une véritable « mobilisation institutionnelle », à moins d’en minorer la gravité.
Et puis, « aborder l’orientation sexuelle ou l’identité de genre étant encore perçu dans le monde professionnel, à commencer par le nôtre, comme relevant exclusivement de l’intime, de la vie privée – un raisonnement qui a de quoi surprendre dans une politique de management moderne – il reste beaucoup à faire sur ces thématiques auprès des Chefs de service, des responsables des ressources humaines et des formateurs », insiste Mickaël Bucheron, Président de Flag !, « la haine anti-LGBT s’inscrivant pleinement dans une politique active de prévention des risques psycho-sociaux et de lutte contre les discriminations. »
Honorant la mémoire de leurs camarades « Victimes du Devoir », mais aussi du suicide, « toujours trop nombreux dans les deux institutions », Flag ! a par ailleurs souligné « le fossé » entre la population et la Police/Gendarmerie « de nature à dissuader, interdire aux victimes, voire aux témoins », de signaler les violences.
« Nous avons reçu en 2016 un nombre conséquent d’appels témoignant d’agressions physiques ou verbales, mais les victimes éprouvent les plus grandes réticences à entrer dans un service de police ou de gendarmerie pour déposer plainte. »
Face à ces appréhensions, Flag ! renouvelle son souhait d’un service d’accueil dédié : « Il ne s’agit en rien d’une posture communautariste mais bien d’apporter une réponse judiciaire auprès de victimes, peu enclines à signaler les faits ou craignant quolibets, refus de plainte et absence de traitement judiciaire », ajoute Mickaël, rappelant que l’association organisait en 2018 la prochaine conférence du réseau européen des Policiers LGBT de l’EGPA :
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Présentation de l’organisation de la prochaine conférence European LGBT Police Association #AG2017 #EGPAPARIS2018 pic.twitter.com/QCmuPEXnLU
— Flag ! (@flagasso) 18 mars 2017
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« Il sera essentiel pour nos institutions d’être capables de présenter toutes les actions et mesures qu’elles auront entreprises en faveur de la lutte contre les discriminations, tant en interne qu’en faveur du public LGBT. Si les progrès sont indéniables depuis 15 ans, beaucoup reste à faire », regrette encore le militant, évoquant l’élection présidentielle.
« La haine s’exprime naturellement sur les réseaux sociaux et dans une quasi impunité, soutenue voire exprimée parfois par des élus de la République. Nous allons prochainement élire un nouveau Président et une nouvelle représentation nationale. Un enjeu important, évidemment, pour la France, mais également pour notre communauté. Alors que certains candidats envisagent de revenir sur le mariage des couples de même sexe ou sur le droit à l’avortement pour les femmes, et que les droits des LGBT dans le monde progressent autant qu’ils sont systématiquement remis en cause, nous devons plus que jamais rester vigilants, mobilisés et solidaires. L’actualité démontre chaque jour que rien n’est acquis définitivement ».
Pour consulter les chiffres de Stop Homopobie.
Terrence Katchadourian
stophomophobie.org