Liban : la première Pride du monde arabe célébrée « en privé, par crainte de représailles »

Dimanche, à l’issue d’une semaine d’activités et de débats pro-LGBT organisée à l’appel de la plateforme « Beirut pride », déjà menacée par les intégristes, les organisateurs espéraient toutefois conclure en accueillant la première Marche des Fiertés du monde arabe. Mais les célébrations se sont finalement limitées à un déjeuner discret dans un restaurant de la ville côtière de Batroun (nord), par crainte d’une intervention de la police ou des islamistes.

« Nous n’avons pas pu organiser une marche comme une vraie parade gay car les autorités ne nous auraient pas laissés » le faire, a expliqué à l’AFP Léa, une participante. D’où cette décision de clôturer l’événement « sans pression, sans menaces, dans un lieu privé où personne ne peut nous déranger. »

La jeune femme d’une vingtaine d’années confie avoir également été menacée d’arrestation : « La police a découvert que j’étais lesbienne (…) après m’avoir restitué mon portable volé et lu mes échanges avec ma petite amie. Ils m’ont dit qu’ils pouvaient m’arrêter pour infraction ».

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Le Liban est pourtant considéré plus « tolérant » à l’égard de l’homosexualité en comparaison à d’autres pays arabes, mais la police mène régulièrement des descentes dans des boîtes de nuit et autres lieux fréquentés par les homosexuels.

« Nous avons subi beaucoup de pressions et nous avons reçu de nombreuses menaces », explique également Andy, une des organisatrices. Mais « cette semaine a été un moyen de tester la société libanaise », au sein de laquelle la religion occupe une place dominante.

« Les discriminations commencent par la famille. De nombreux LGBT doivent se cacher s’ils ne veulent pas être chassés de chez eux, puis elles se poursuivent à l’université et dans le milieu du travail », confirme sur Libé, Bertho Makso, cofondateur de l’ONG Proud Lebanon, qui a été contrainte d’annuler une journée de séminaire sur la diversité sexuelle cette semaine, face aux menaces proférées par des instances religieuses musulmanes.

Les militants LGBT appelaient à la suppression de l’article 534 du code pénal libanais, selon lequel les relations sexuelles « contre nature » sont illégales, avec une peine allant jusqu’à un an de prison.

En janvier dernier, le juge unique du tribunal pénal du Metn, Rabih Maalouf, a estimé que cet article « ne s’applique pas tant que l’homosexualité est exercée comme un droit et de manière non abusive, dans le respect d’autrui ». Il s’est ainsi refusé de criminaliser une orientation sexuelle du fait de sa simple pratique, invoquant le droit à la vie privée.