Il était interrogé ce 14 juillet pour la première fois par la chaîne américaine HBO, qui enquêtait sur les sports de combat en Tchétchénie et en a profité pour évoquer la situation des personnes LGBT, dont plus d’une centaine auraient été détenues et torturées depuis des mois dans des prisons secrètes, selon des informations du journal d’opposition Novaïa Gazeta.
Le leader tchétchène n’a pas démenti, si ce n’est s’agacer d’une question « absurde », pour réaffirmer qu’il n’y avait pas de gays dans sa république, « pas ce genre de personnes ici », et que si c’était le cas, « importez les au Canada » qui leur offre l’accueil, « ou encore plus loin, pour purifier le sang des tchétchènes : s’il y en a ici, prenez-les ! »
Et lorsque le journaliste américain insiste, rappelant les dizaines de témoignages de jeunes hommes corroborant les violences et persécutions, pour lui demander s’il est inquiet du point de vue de la loi et de l’ordre, Ramzan Kadyrov s’irrite et rétorque méprisant que « ce ne sont pas des hommes mais des démons », tout juste « bons à vendre et à jeter », espérant vivement que « Dieu les punisse pour ce qu’ils nous accusent de faire. Ils devront en répondre devant le Très-Haut », dit-il.
En visite il y a quelques jours à Paris, où il devait être reçu à l’Elysée, au ministère des Affaires étrangères ainsi qu’au Sénat, le directeur du réseau LGBT, Igor Kochetkov, qui a organisé des exfiltrations d’urgence, s’est inquiété d’une reprise des arrestations « depuis la fin du jeûne musulman ». « Des dizaines de personnes nous contactent sur notre hotline, comme en mars dernier lorsqu’ils dénonçaient les persécutions, pour nous dire qu’on essaie d’accuser les gays sous de fausses preuves : du cambriolage au terrorisme. Et c’est tout récent », a-t-il déclaré à l’AFP.
Le 16 mai dernier, seules Mousse, STOP homophobie et le Comité Idaho France, ont déposé plainte pour « génocide » devant la Cour pénale internationale contre le président Kadyrov, « logisticien et organisateur de camps de tortures avec une volonté d’extermination des homosexuels », a déclaré Me Etienne Deshoulières, qui représente les associations.
La Russie a notifié, en novembre 2016, son retrait de la CPI, qui, d’après le statut de Rome, sera effectif un an plus tard, soit en novembre 2017. La Cour ne se saisit d’affaires que si les auteurs des infractions ne peuvent pas être poursuivis par les autorités nationales, soit que l’Etat concerné n’en a pas la volonté, soit qu’il n’en a pas la capacité. Aucune enquête ne pouvant être diligentée à défaut d’une volonté réelle des autorités russes, dépassées, la Cour pénale internationale est compétente pour agir. Et nous avons besoin de vos dons pour continuer à faire pression, « avant la grande condamnation divine », attendue par l’accusé.