Jusqu’au dimanche 13 août, en marge la traditionnelle Marche de fiertés de ce samedi 12, la capitale tchèque célèbre la septième édition de la semaine LGBT, avec plus d’une centaine d’événements, conférences, ateliers, projections et autres manifestations culturelles et sportives, pour promouvoir « le respect et la tolérance ».
Nous l’avons intitulée cette année « Le Festival inutile », comme d’autres l’ont déjà souvent qualifié, estimant que les gays et les lesbiennes vivaient plutôt bien en République tchèque. « C’est une sorte d’hyperbole », souligne sur Radio Prague, l’organisatrice, Bohdana Rambousková.
Car si dans le pays « les LGBT ne sont pas emprisonnés et peuvent effectivement vivre leur vie, ils n’ont toujours pas pour autant les mêmes droits ou respect que les hétérosexuels. » Ni mariage ni Pacs ou accès à l’adoption, notamment des enfants de leur partenaire, et beaucoup de Tchèques continuent de vous expliquer que « les gays ne les gênent pas, mais qu’ils devraient néanmoins éviter d’afficher leur sexualité en public, se promener main dans la main dans la rue, etc. »
« De plus en plus s’expriment toutefois aujourd’hui en faveur », comme le note les sondages, et « les violences contre la communauté sont beaucoup moins fréquentes que dans d’autres pays qui auront pourtant adopté des législations plus avancées », insiste Petr Kratochvil, directeur de l’Institut des relations internationales, qui a tenu lundi une grande conférence, avec des experts de plusieurs pays du monde, pour évoquer la situation catastrophique pour les LGBT au Brésil, en Russie, en Inde, en Chine ou encore en Afrique du Sud.
Ce mercredi 9, dans l’après-midi, un tramway « arc-en-ciel » a également traversé les rues de Prague, pour dispenser aux passagers conseils et informations pour se protéger efficacement contre le virus VIH-Sida et les infections sexuellement transmissibles (IST).
Une collecte publique est en outre prévue pour soutenir les homosexuels tchétchènes qui réussissent à s’enfuir, notamment vers Moscou. « Ce qui se passe en Tchétchénie nous touche profondément. Nous avons le sentiment que nous devons exprimer notre solidarité. Nous collaborons avec une organisation qui s’appelle le Centre communautaire de Moscou et qui s’efforce d’intervenir pour les aider. L’argent collecté lui sera donc reversée », a ajouté Bohdana Rambousková.
Une enquête du journal indépendant Novaïa Gazeta a révélé, début avril, que les autorités de Tchétchénie menaient depuis plusieurs mois une chasse aux homosexuels, allant jusqu’à inciter leurs familles à les assassiner pour « laver l’honneur ». Les témoignages des rescapés concordent sur les détails, trois associations LGBT+ françaises, Mousse, STOP homophobie et le Comité Idaho France, ont d’ailleurs déposé plainte pour « génocide » devant la Cour pénale internationale (CPI) contre le leader tchétchène, Ramzan Kadyrov.
Samedi, le défilé dans les rues de Prague devrait attirer plusieurs dizaines de milliers de personnes, qui partiront dès 11h30 de la place Venceslas pour se diriger vers le parc de Letná, dans le septième arrondissement de la capitale, où les festivités se poursuivront.