La loi sur le « mariage pour tous », votée le 30 juin dernier, est officiellement entrée en vigueur ce dimanche 1er octobre en Allemagne, qui devient le quinzième pays européen à élargir la définition du mariage à « une union pour la vie entre deux personnes de sexe différent ou identique ». Et si le jour était chômé, plusieurs mairies dont celles de Berlin, de Hambourg et de Francfort, ont décidé de ne pas attendre pour les célébrer, sans grands remous, la société et la classe politique y étant favorables à plus de 75 %, selon les sondages.
Bodo Mende et Karl Kreile sont les premiers dans la capitale à en avoir bénéficier, se réjouissant que les couples gays et lesbiens ne soient plus dorénavant considérés comme des citoyens de « seconde classe ».
« Cela ne change pas grand-chose pour nous, car nous n’adopterons pas d’enfant, mais c’est hautement symbolique : nous sommes à présent un couple comme un autre », a expliqué à l’AFP, tout sourire et une coupe de champagne à la main, Karl Kreile, 59 ans à la mairie du quartier berlinois de Schöneberg.
« C’est un beau pas en avant, mais l’Etat doit à présent poursuivre la lutte contre l’homophobie et la transphobie, mais également, sur le plan international, œuvrer à la fin de la pénalisation de l’homosexualité », abonde son compagnon Bodo Mende, après avoir goûté une part de gâteau arc-en-ciel. Le couple, fervent militant, était déjà l’un des premiers à souscrire à une union civile en 2002.
La chancelière allemande, Angela Merkel, avait longtemps rechigné à traiter la question pour ne pas brusquer la branche la plus conservatrice de sa famille politique, le parti chrétien-social bavarois CSU, très à cheval sur la défense des valeurs familiales traditionnelles.
L’approche des élections législatives de septembre a précipité les choses. A la surprise général, Mme Merkel a admis, en juin, qu’il fallait ouvrir le débat. Quelques jours plus tard, les députés – Verts, Parti social-démocrate (SPD), gauche radicale et quelques conservateurs – votaient le « mariage pour tous » à l’initiative des groupes parlementaires de gauche.
Et si la chancelière a voté personnellement contre, elle a laissé les élus de son camp faire leur propre choix en conscience, privant, en pleine campagne pour les législatives, les sociaux-démocrates d’un thème porteur. « C’était un calcul politique. Merci, mais ça arrive juste vingt-cinq ans trop tard », lâche Bodo Mende.
Rappelons que les Pays-Bas sont, en avril 2001, le tout premier pays européen à avoir légalisé le mariage égalitaire, suivi de la Belgique, de l’Espagne, de la Norvège, de la Suède, du Portugal, de l’Islande, du Danemark, de la France, la Grande-Bretagne (sauf Irlande du Nord), du Luxembourg, de l’Irlande (après un référendum), de la Finlande et Malte.
L’union civile reste le seul statut pour les couples homosexuels en Hongrie, République tchèque, Autriche, Croatie, Grèce, Chypre, Suisse et l’Italie, en juillet 2016, dernier grand pays d’Europe occidentale qui ne leur accordait jusque-là aucun statut.
La plupart des pays d’Europe de l’Est (Lituanie, Lettonie, Pologne, Slovaquie, Roumanie ou Bulgarie) n’autorisent ni unions ni mariages. L’Estonie est devenue en octobre 2014 la première république ex-soviétique à accorder l’union civile aux homosexuels. Les Slovènes, qui reconnaissent une union civile, ont rejeté en 2015 par référendum le mariage de même sexe.
Plusieurs pays d’Europe de l’Ouest autorisent également l’adoption conjointe par les couples de même sexe, dans le cadre du mariage ou de l’union civile: Pays-Bas (dès 2001), Danemark, Suède, Espagne, Belgique, France, Royaume-Uni, Allemagne (dès l’entrée en vigueur du mariage). D’autres, comme la Finlande et la Slovénie autorisent les homosexuels à adopter uniquement les enfants de leur conjoint.
En Amérique latine, quatre pays permettent de telles unions: l’Argentine depuis juillet 2010, l’Uruguay et le Brésil, et enfin la Colombie en 2016. Les adoptions y sont toutes autorisées. Le Costa Rica reconnaît une forme d’union civile en juillet 2013, de même que le Parlement chilien en janvier 2015.
Fin août 2017 la présidente chilienne Michelle Bachelet a déposé un projet de loi sur le mariage homosexuel, qui doit aussi permettre l’adoption.
La ville de Mexico a été, dès 2007, la première en Amérique latine à autoriser les unions civiles entre personnes du même sexe, avant de légaliser le mariage en 2009. Elle autorise les adoptions.
A contre-courant, à Haïti, le Sénat a voté en août une proposition de loi interdisant le mariage gay et la promotion de l’homosexualité, texte qui doit encore passer devant les députés.
Dans un continent où une trentaine de pays interdisent l’homosexualité, l’Afrique du Sud se démarque : le mariage de même sexe est légalisé depuis 2006. L’adoption l’est également.
Au Moyen-Orient, Israël est considéré pionnier pour les droits des LGBT. Mais sans être illégal, les couples homos ne peuvent se marier, faute d’institution habilitée à le prononcer. Il est toutefois reconnu quand il a été contracté à l’étranger. Le gouvernement s’est engagé mi-septembre à modifier une loi sur l’adoption pour permettre aux couples homosexuels d’avoir les mêmes droits que les autres.
A Taïwan, en mai dernier, la Cour constitutionnelle a rendu une décision qui va permettre à l’île de devenir le premier territoire asiatique à légaliser les unions pour tous.
En Australie, les couples du même sexe peuvent nouer des contrats d’union civile dans la plupart des Etats, non reconnues au niveau fédéral. Depuis la mi-septembre les électeurs sont appelés à se prononcer par vote postal sur la légalisation du mariage homosexuel. Si le « oui » l’emporte, le Premier ministre Malcolm Turnbull a promis d’organiser un vote au Parlement. Les adoptions homoparentales sont, elles, légales.
La Nouvelle-Zélande a légalisé le mariage égalitaire en 2013 ainsi que les adoptions. Les unions civiles y existaient depuis 2005.