Selon un bilan publié ce jeudi par le Ministère de l’Intérieur, 1084 crimes ou délits LGBT-phobes ont été enregistrés en 2016 par la police ou la gendarmerie. 1020 victimes. Sept sur dix sont des hommes, relativement jeunes : 30% ont entre 15 et 24 ans, alors que cette classe ne représente que 12 % de la population. Le phénomène s’inverse après 55 ans, ce qui est peut-être lié à un effet générationnel de moindre révélation à ces âges pour ce type d’atteinte.
Sur le total des procédures, 30 % se sont déroulées sur la voie publique, 16 % dans des lieux ouverts au public et 7 % dans des services publics. D’un autre côté, un quart des infractions se déroulent dans des habitations ou dans d’autres lieux privés, ce qui montre la diversité des circonstances de ces agressions.
Les injures et outrages représentent 32% des actes, les violences physiques, 24%, et les menaces tournent à 18. Les discriminations constituent 2 % de cet ensemble, et les infractions à caractère sexuel 6 %.
« La rénovation récente de la source statistique du Ministère de l’Intérieur permet d’envisager des avancées dans la mesure du phénomène » et mieux identifier les victimes en fonction « de la qualification pénale des affaires retenue par les forces de sécurité, avec une périodicité infra-annuelle et une couverture géographique complète », souligne l’étude, relayée par la Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT (DILCRAH).
Mais si beaucoup de ces infractions ont été commises en région parisienne (19% du total, pour 17% de la population), c’est dans les grandes agglomérations de province que leur part, comparée à leur population, est plus importante (33% pour 24). Les agressions se répartissent ensuite de façon assez équilibrée. Pour 10% dans des communes rurales, ce qui est plus faible que leur part dans la population totale.
Des chiffres en partie dévoilés par L’association Flag !, en mars 2017, qui avait constaté 1384 plaintes, dont 347 enregistrées au sein des services de la GN (contre 529 en 2015), et 1037 en PN (contre 994 l’année précédente), confirmant par ailleurs les réticences, pour ne pas dire la grande appréhension, de la communauté à déposer plainte.
Le président de l’association, Mickaël BUCHERON, s’est félicité de cette première communication officielle de l’État, « indispensable pour rendre compte auprès des pouvoirs publics, des institutions policières et judiciaire, de la presse et du public, de la réalité de l’homophobie et de la transphobie dans notre pays. »
« Loin de refléter l’intégralité des actes de violences homophobes et transphobes, ces crimes et délits nécessitent une réponse policière et judiciaire répondant à la demande des victimes appréhendant la réaction des forces de l’ordre face à un désir de déposer plainte » , insiste Mickaël BUCHERON, qui espère que « les actions de sensibilisation dans les écoles de police et de gendarmerie s’accompagner d’une approche ciblée de nos deux institutions envers la population LGBT à l’image de ce que proposent d’autres pays européens. » Flag ! a présenté plusieurs propositions en ce sens et attend des réponses concrètes du Ministère de l’Intérieur.
En attendant une prochaine coordination avec toutes les associations en capacité de fournir des statistiques réelles. STOP homophobie a recensé plus de 7800 témoignages pour la même année.