La ville de Paris s’est associée avec France Terre d’Asile, pour mettre à disposition de l’association des logements permettant d’accueillir des réfugiés LGBTI. Ian Brossat, adjoint (PCF) à la Maire de Paris, chargé du logement et de l’hébergement d’urgence, nous explique la nécessité de ces structures, dénonçant, au-delà des législations, c’est une LGBTphobie violente et banalisée qui est la règle dans une majorité de pays.
Tribune. Ce 13 octobre, j’ai signé une convention avec France Terre d’Asile pour mettre à disposition de l’association des logements permettant d’accueillir des réfugiés LGBTI. Je suis fier de cette coopération. La Ville de Paris, au côté des associations, met en pratique ses principes d’hospitalité, de solidarité et de lutte contre les discriminations.
Les réfugiés LGBT sont bien plus nombreux qu’on ne le croit, mais ils sont peu visibles. En effet, ils doivent cacher les raisons réelles de leur départ forcé, ce qui complexifie leur accès au droit d’asile. Le plus souvent, ils ne peuvent assumer leur orientation sexuelle auprès des autres migrants car ils subissent un rejet également à l’intérieur du groupe.
Ils vivent sous le poids d’une « double peine », comme le décrit un magnifique article du journaliste Blaise Gauquelin publié dans Le Monde. Car s’ils sont victimes des extrêmes difficultés liées à l’exode, des politiques de rejet et de la xénophobie, ils sont en plus minoritaires au sein de la minorité, discriminés parmi les discriminés. Ils doivent taire leur orientation sexuelle. Ils ne peuvent vivre librement leur sexualité. Ils vivent outrages, vexations, coups et menaces de mort.
S’ils ont fui leur pays, c’est parce qu’ils y subissent la violence.
Aujourd’hui, 75 États pénalisent les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles ou transgenres par de la prison, de la torture, la peine de mort ou des travaux forcés. Dans treize pays, l’homosexualité est passible de la peine capitale. Mais au-delà des législations, c’est une LGBTphobie violente et banalisée qui est la règle dans une majorité de pays.
Accueilli au sein d’un des logements que j’ai inaugurés, j’ai pu rencontrer un réfugié venant de Jordanie. Il a subi l’homophobie de sa famille, mais aussi des autres pays où il est passé en transit, jusqu’à la France. Deux autres locataires sont Irakiens : l’homosexualité n’y est pas illégale mais taboue. En 2009, des milices irakiennes sont soupçonnées d’avoir perpétré l’assassinat d’homosexuels et de travestis. Une vague d’attaques violentes a fait jusqu’à 12 morts ces dernières années…
Voilà pourquoi tant de gens quittent leur pays. Or, la LGBTphobie poursuit les réfugiés jusqu’en France. Les structures d’accueil pour les migrants, qui n’existent pas en nombre suffisant sur tout le territoire, ne permettent malheureusement pas de protéger la sécurité, l’identité et la sérénité de toutes et tous. Et au-delà des seules populations réfugiées, l’homophobie reste hélas ordinaire dans notre pays, y compris à Paris. Si l’homosexualité n’est pas condamnée en droit, elle reste condamnée en fait…
C’est la raison pour laquelle des appartements permettant aux réfugiés LGBTI de vivre paisiblement sont nécessaires. Bien sûr, ce n’est qu’une étape, et ce n’est qu’une goutte d’eau. Mais ce sont aussi, dès aujourd’hui, des existences qui peuvent changer, des personnes LGBTI qui peuvent revivre et avoir un avenir. Qu’ils et elles puissent relever la tête, que ceux qui vivaient dans la peur et dans la honte puissent redevenir fiers, c’est tout le sens de mon combat politique.
Ian Brossat
Maire adjoint de Paris chargé du logement (PCF)