Hassan Jarfi a perdu son fils, Ihsane, gérant d’un magasin de vêtements, assassiné en 2012, après avoir été « martyrisé par quatre voyous qui n’aimaient pas les homosexuels ».
Enlevé dans la nuit du 21 au 22 avril à la sortie d’un bar gay du centre ville de Liège, le corps du jeune homme de 32 ans a été retrouvé nu et mutilé le 1er mai suivant, au milieu des champs, à une vingtaine de kilomètres de la ville. Depuis, Hassan Jarfi, préside une fondation, du nom de son fils, engagée contre les discriminations et la haine anti-LGBT.
Interrogé lors d’un débat, ce 26 novembre, sur l’éventualité d’un « pardon », face aux meurtriers de son enfant, cet ancien professeur de religion islamique, a rappelé sur RTL que s’il ne pouvait rien faire en tant que parent contre sa souffrance, « toujours là », outre la canaliser, il ne lui appartenait pas « de pardonner ou de ne pas pardonner ! »
« On demande pardon à celui qui peut pardonner. Ihsane a été tué. C’est à Ihsane qu’il faut demander pardon », a-t-il insisté, rappelant que les assassins n’avaient pas non plus manifesté de regret.
« Mais chaque jour il y a des crimes homophobes. Comment est-ce qu’on pourrait pardonner ? Moi, personnellement avec ma famille, nous n’avons pas affaire aux assassins de mon fils, nous avons affaire à l’homophobie. Or, l’homophobie, elle est voulue, elle recommence chaque jour. Alors comment peut-on pardonner un acte aussi horrible que celui-là et qui se renouvelle chaque jour ».
La cour d’assises de Liège a retenu en 2014 l’homophobie dans son verdict, considérée comme une circonstance aggravante en droit belge depuis 2006, au même titre que le racisme ou l’antisémitisme.
Trois des accusés ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité. Un quatrième a écopé de trente ans ferme, mais tous ont été reconnus « coupables de traitements inhumains et dégradants, et de détention arbitraire ».
Ils soutenaient qu’Ihsane était monté dans leur véhicule de plein gré et leur avait fait une « proposition à caractère sexuel ». D’où le passage à tabac « pour donner une leçon à l’homo ». Ils l’ont ensuite déshabillé pour encore l’humilier, tout en le rouant de coups de poings et de pieds, à la tête, au thorax et à l’abdomen, avant de l’abandonner, ensanglanté, en lui volant son argent et son téléphone.
Selon le parquet, « frappé à mort », l’agonie d’Ihsane a duré « entre 4 et 6 heures ». Son autopsie a démontré un écrasement cervical, de la cage thoracique aussi, avec 17 côtes brisées. Il a été inhumé dans l’intimité familiale à Liège, après un hommage rendu dans une mosquée en présence de plusieurs centaines de personnes.
Hassan jarfi a écrit un livre en mémoire de son fils, intitulé « Le couloir du deuil ».