Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a présenté, ce 28 novembre, des « excuses officielles » devant la Chambre des communes aux personnes ayant subi un préjudice à cause des lois, politiques et pratiques fédérales qui ont mené à l’oppression des personnes LGBTQ2 au Canada.
« Je suis désolé, nous sommes désolés », a-t-il déclaré, endossant les « erreurs » des gouvernements successifs qui ont perpétué la discrimination.
« Nous avons collectivement honte que des Canadiens qui s’identifient comme étant lesbiennes, gais, bisexuels, transgenres, queers ou bi-spirituels aient été traités injustement, congédiés, empêchés d’avoir accès à des promotions, surveillés, arrêtés, condamnés ou agressivement couverts de honte, à cause de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre », a poursuivi le très honorable chef du gouvernement, soulignant « la manière injuste » dont ont été traités les fonctionnaires fédéraux, notamment ceux des Forces armées canadiennes et de la GRC ainsi que les personnes de la communauté LGBTQ2 autochtone.
« Des gens ont perdu leurs moyens de subsistance, leur famille et, dans certains cas, leur vie. Aujourd’hui, nous présentons des excuses longuement attendues à tous ceux à qui nous, du gouvernement du Canada, avons fait du mal. Nous sommes désolés. Nous espérons qu’en reconnaissant nos erreurs nous pourrons faire progresser la cause des personnes LGBTQ2 au Canada comme il se doit », a-t-il poursuivi.
« Nous allons continuer à nous soutenir les uns les autres dans notre lutte pour l’égalité parce que nous savons que le Canada devient plus fort chaque jour en choisissant d’accueillir la diversité ».
Pour les erreurs du passé et le traitement injuste des Canadiens LGBTQ2, nous nous excusons et nous lutterons encore contre les inégalités : https://t.co/KXBKShUAwu pic.twitter.com/KLytBGXzqj
— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) 28 novembre 2017
Et pour répondre aux torts causés à ceux qui auront été indûment considérés comme des « criminels par des lois et des mesures injustes », le gouvernement a présenté un projet de loi « C-66 », pour radier les condamnations « constituant des injustices historiques ».
« Ce projet de loi mettra en place une procédure de destruction permanente des dossiers de condamnation pour des infractions relatives à une activité sexuelle consensuelle entre partenaires de même sexe, qui serait légale aujourd’hui », précise dans un communiqué le premier ministre, confirmant « une entente de principe » pour régler, de façon « équitable et respectueuse », le recours collectif, initié au nom de plus de 3000 victimes, avec un peu plus de 100 millions de dollars canadiens (66 millions d’euros).
En outre, M. Trudeau a annoncé d’autres mesures « de compensation et de reconnaissance individuelles, ainsi que d’autres initiatives pour soutenir la réconciliation et la mémoire collectives. » Des étapes importantes pour répondre aux inégalités vécues dans le passé et encore aujourd’hui par les communautés LGBTQ2 canadiennes.
Ces dispositions « sont une partie intégrante des efforts que le gouvernement du Canada déploie pour bâtir une société plus forte, plus diverse et plus inclusive ».
Un mémorial sera par ailleurs érigé à Ottawa en souvenir des victimes.
« C’est une journée incroyablement importante, non seulement pour la communauté LGBT, mais pour tous les Canadiens », a salué Svend Robinson, premier député à avoir en 1988 revendiqué son homosexualité quand il siégeait au Parlement. C’est « important d’entendre le Premier ministre dire non seulement nous avons eu tort mais aussi cela n’arrivera plus jamais », a-t-il confié.
En 2005, le Canada a légalisé le mariage entre personnes de même sexe et Justin Trudeau a été le premier chef de gouvernement à défiler aux côtés des manifestants dans les Prides, comme il le faisait déjà avec sa famille avant d’accéder à ses fonctions officielles.
Il a promis que l’égalité des genres serait un des thèmes majeurs du prochain sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du G7 début juin au Québec et dont le Canada assure la présidence en 2018.