Ce lundi 27 novembre, Santé publique France a dévoilé les données actualisées 2016 des infections sexuellement transmissibles bactériennes et par le VIH. Bien qu’en très légère baisse (– 5 %) par rapport à 2013, l’épidémie du sida reste active. L’organisme a d’ailleurs lancé, ce jeudi, en partenariat avec le ministère des Solidarités, une nouvelle campagne de prévention, pour valoriser l’offre de dépistage.
« L’objectif est de lever des barrières d’ordre psychologique telles que le stress lié à l’attente des résultats ou la crainte d’être stigmatisé et des barrières d’organisation du quotidien telles que la difficulté à trouver du temps ou obtenir un rendez-vous. »
L’an passé, environ 6 000 personnes (des hommes pour 69%) ont découvert leur séropositivité VIH, pour plus d’un quart (27 %) à un stade avancé de l’infection. Les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH), pour 15% les 15-24 ans, et les hétérosexuels nés à l’étranger, principalement en Afrique subsaharienne, restent les deux populations les plus touchées, avec respectivement 44 % et 39 %.
La réduction de la transmission du VIH grâce à l’efficacité des traitements antirétroviraux n’a pas permis de compenser cette baisse de protection, en raison notamment d’un nombre trop important de HSH ignorant leur séropositivité. Le contrôle de l’épidémie passe donc aussi par une augmentation du recours au dépistage, insiste Santé publique France dans son bulletin épidémiologique pour le 1er décembre.
« Plus on connaît tôt son statut sérologique, plus le bénéfice est grand. Le bénéfice est individuel mais aussi collectif car le risque de transmettre le VIH à un partenaire pour une personne traitée avec une charge virale indétectable est quasi nul. Mais la seule façon de connaître son statut sérologique, c’est le dépistage. C’est un outil de prévention majeur pour contrôler l’épidémie », François Bourdillon, directeur général de Santé publique France : « Aujourd’hui, l’offre de dépistage est variée et s’adapte aux besoins de chacun. Cependant, elle reste méconnue ».
La nouvelle campagne de prévention « pour valoriser les différents modes de dépistage s’adresse à tous, comme aux populations les plus exposées au VIH ». Elle est déclinée en digital depuis le 30 novembre au 20 décembre 2017 et en affichage publicitaire, jusqu’au 17 décembre.
Quelques uns refusent de voir 2 hommes ensemble, veulent censurer cette campagne ? Partagez la ! Vos RT sont la + belle réponse. #loveislove pic.twitter.com/nPfCfFxsBR
— Marisol Touraine (@MarisolTouraine) 18 novembre 2016
Santé publique France revient également sur la précédente campagne, réalisée fin 2016, afin de toucher l’ensemble des HSH, et que certains maires ont voulu faire retirer de leur commune. La justice leur a donné tort. Mais les protestations, véhiculant un discours homophobe, même si minoritaires, ont eu pour conséquence de « déplacer l’attention et le débat vers les questions d’homophobie au détriment de la prévention », regrette l’institut, qui préconise là encore, « une forte mobilisation des acteurs institutionnels et associatifs est nécessaire, à la fois pour maitriser les termes du débat mais aussi pour atténuer les conséquences de tels propos sur les personnes concernées. »
Cela montre que « la prévention passe aussi par la lutte contre l’homophobie et la nécessité de conserver, en communication, des dispositifs communautaires dans lesquels les messages peuvent être passés sans risque de stigmatisation. »