L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a publié, ce 1er décembre, les données d’utilisation de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) au VIH par Truvada (ou génériques).
Combinaison d’antirétroviraux indiquée dès 2005 dans le traitement de l’infection chez l’adulte, son accès en tant qu’outil de prévention a été possible en France dès janvier 2016. Depuis, 5 352 personnes l’auront initié. « Entre 300 et 400 nouveaux utilisateurs par mois », soit une « augmentation régulière, mais modérée », selon l’agence française, qui se base sur les chiffres de l’Assurance maladie (SNIIRAM), arrêtés en juillet 2017.
Près de 70 % réside en Ile-de-France (49%), région Auvergne-Rhône-Alpes (10,5%) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (9,9%), et 97,5% sont des hommes âgés en moyenne de 38 ans. Il est « raisonnable de faire l’hypothèse » que ces utilisateurs soient « principalement des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes », ajoute l’ANSM.
La France a été le deuxième pays, après les États-Unis, à autoriser la PrEP, et le premier à la rembourser à 100%. Toutefois, ses effets sur l’épidémie ne se font pas encore sentir, « le nombre de personnes l’ayant initié en 2016 (environ 3000) est sans doute encore trop faible pour avoir un impact », a analysé Santé publique France dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) paru mardi 28 novembre.
Des obstacles demeurent également, en matière d’accessibilité au traitement notamment, comme le souligne Aides dans son troisième rapport sur les discriminations à l’encontre des personnes concernées par le VIH et les hépatites, qu’elles soient porteuses de virus ou vulnérables au risque d’infection.
« Très peu d’étrangers ou de travailleurs du sexe connaissent l’existence de la PrEP, dû au manque de communication à leur destination ». Et « les politiques répressives contribuent aux phénomènes de stigmatisation », note l’association. « Les modes de transmission du VIH restent tributaires de préjugés importants, qui font fi des avancées thérapeutiques, et contribuent à alimenter les pratiques discriminatoires. »
L’ANSM rappelle que l’utilisation du Truvada dans la PrEP VIH s’intègre dans une stratégie de prévention diversifiée de la transmission du VIH par voie sexuelle, comprenant par ailleurs la promotion de l’usage du préservatif, le recours au dépistage régulier du VIH et des autres IST, la connaissance du statut virologique VIH du/des partenaires, le recours au « Treatment as Prevention (TasP) » chez le partenaire séropositif et le recours à la prophylaxie post-exposition (PEP).
L’an passé, il y a eu 6000 nouvelles contaminations en France, un nombre stable depuis dix ans.