Premier député ouvertement gay à avoir été élu dans la très conservatrice province d’Alberta, défenseur des minorités sexuelles, conseiller spécial du premier ministre Canadien depuis novembre 2016, Randy Boissonnault s’emploie ainsi à faire avancer son pays sur cette voie de l’inclusion.
De passage à Paris, ce 25 janvier, il a répondu aux questions de l’Express, se félicitant des avancées pour les droits des LGBTQ2 (lesbiennes, gay, bi, trans, queer et bi-spirituelles), même s’il reste « encore du travail », assure-t-il.
En novembre dernier, Justin Trudeau a en effet présenté, devant la Chambre des communes, les excuses officielles du pays pour les discriminations et violences subies par la communauté depuis des dizaines d’années, au sein notamment de la fonction publique fédérale et dans les Forces armées canadiennes. Une reconnaissance inédite, accompagnée d’un plan de dédommagement de 185 millions de dollars canadiens, pour quelque 3000 homosexuels victimes.
« Il s’agit de la plus grande entente juridique au monde concernant les personnes LGBT », précise le Conseiller. « Nous avons également déposé un projet de loi visant à radier les condamnations pour homosexualité avant la dépénalisation intervenue en 1969 », avec, la création d’un secrétariat dédié, pour permettre à la communauté d’accéder au gouvernement, qui pourra ainsi « nouer des relations officielles avec tous les organismes représentatifs. »
Mais aujourd’hui, « entre 40 et 60% des jeunes sans-abris sont LGBTQ2 ». Et de la même manière, « les aînés qui souhaitent intégrer une maison de retraite ou un foyer médicalisé doivent aussi parfois « se renfermer dans l’armoire » », s’offusque M. Boissonnault. Pour y remédier, « nous avons consacré un volet spécial de notre politique logement, avec une stratégie sur onze ans dotée de plus de 25 milliards de dollars. »
Un grand plaisir d’accueillir @R_Boissonnault, conseiller spécial du Premier ministre @JustinTrudeau sur les questions #LGBTQ2, lors de sa visite en France ! Le 🇨🇦 et la 🇫🇷 ont beaucoup à partager sur les questions de #diversité et d’#inclusion @soistoimeme_ca pic.twitter.com/Q6awG50UEZ
— Isabelle Hudon (@HudonIsabelle) 25 janvier 2018
De même, « le Canada a la chance d’être bien placé dans diverses instances internationales », comme le Commonwealth, les Nations-Unies ou encore le G7, et copréside en outre avec le Chili, « La coalition pour les droits égaux », un nouvel organisme regroupant 35 pays membres.
« C’est une belle occasion d’apprendre comment chacun aide – juridiquement, socialement, culturellement – les personnes LGBT », se réjouit-il. « Partout où nous pourrons faire avancer les droits des minorités sexuelles, nous le ferons. Je pense que, même pour les personnes qui ne font pas partie de la communauté LGBT, le fait que le Canada fasse ce travail renforce les valeurs du pays dont les Canadiens sont fiers », a-t-il encore souligné, avant d’évoquer sur son difficile coming out, à 28 ans.
« Quand j’étais étudiant, j’ai dû dépenser 25 à 30% de mon énergie mentale à créer la fiction que j’étais hétérosexuel », se souvient-il. Mais, après l’obtention de la bourse, qui lui a permis d’intégrer Oxford, « je me suis posé la question de savoir comment rembourser la société pour cette grande opportunité. Le Premier ministre m’a donné en partie cette occasion avec ce rôle. Et c’est un honneur de le faire », conclut le conseiller.