Cameroun : 25 personnes soupçonnées d’homosexualité arrêtées dans des établissements « friendlies » de la capitale

Ce sont pour la plupart des employés, serveurs, agent de sécurité, ou simple témoins. Ils ont été interpellés par la police, lors d’une descente surprise, dans la nuit du vendredi 11 au samedi 12 mai, dans un cabaret de la capitale Yaoundé, fréquenté également par la communauté LGBT, ainsi qu’un cinéma de quartier. 25 personnes, soupçonnées d’homosexualité. Deux ont été relâchées, après audition. Ce sont les seules. Toutes les autres victimes ont été immédiatement incarcérées, dans l’attente d’un jugement ce lundi 14.

« Les policiers se sont fait passer pour des clients, peu après minuit. Ils voulaient entrer dans le bar mais on leur a dit que l’établissement était déjà fermé. Ils ont insisté et fini par forcer les portes, en arrêtant tout le monde, sans aucune raison. 7 personnes, dont un serveur, une danseuse et le vigile », a déclaré l’un des deux premiers libérés. « Et puis, ils ont investi une salle de ciné à Emombo-Crossroads et arrêté 18 personnes. »

5 avocats, militants des droits humains, se sont spontanément présentés au poste de police pour réclamer leur libération. Mais selon les autorités, plusieurs violations ont été constatées. Certains des accusés n’avaient pas de carte d’identité, d’autres auraient été pris en possession de stupéfiants. Et puis, il y a les actes homosexuels, passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement ! « Personnellement, je ne juge ni ne condamne personne en raison de son orientation sexuelle, mais nous avons des lois à appliquer », a ajouté le commandant de police Nana.

Aux parents venus plaider pour leurs enfants mis en cause dans l’affaire, « ils sont homosexuels et méritent donc leur sort », ont répondu les agents. Ils auront tous été libérés ce dimanche finalement.

Intimidation, harcèlement… « Plus que jamais persécutés. La situation s’est encore dégradée. Et les personnes sont incarcérées sans eau ni nourriture », explique Me Alice Nkom, militante et fondatrice depuis 2003 de la première organisation non gouvernementale du Cameroun à s’engager pour la protection et la défense des gays.

Il y a deux semaines, 5 personnes, membres d’une association qui lutte contre le SIDA, ont été arrêtées, accusées là encore d’homosexualité. Les victimes ont été relâchées mais les poursuites courent. Et c’est en permanence le cas pour la communauté.

Valentine Monceau
stophomophobie.com