Si le lieu de travail se doit de respecter le droit de la non-discrimination, il est aussi le centre d’un tissu d’interactions humaines et sociales et joue un rôle important dans la socialisation des individus. La prise en compte des droits des personnes LGBT y est donc essentielle, rappelait le Défenseur des droits en mai 2017, estimant qu’entre 1 à 2 millions de personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et intersexes cachaient leur orientation sexuelle au travail en France.
Indeed, le moteur de recherche d’emploi, a interrogé en ligne, du 7 au 14 mai dernier, quelques 800 salariés Français, de 18 ans et plus, à propos de la communauté. Plus des deux tiers se sont globalement montrés « ouverts » à l’idée de travailler avec un collègue se déclarant LGBT. 87% s’il s’agit d’un homosexuel, mais le pourcentage tombe à 75% pour les transgenres.
31% des répondants ne souhaitent pas non plus entendre évoquer la vie privée d’une personne de la communauté. 4% préfèrent d’ailleurs ne pas connaître l’orientation sexuelle de leurs dirigeants.
Peu d’implication également de la part des entreprises sur cette question de la sensibilisation à l’intégration. 55% des sondés déclarent que leur organisation ne prend aucune initiative. Dans les 6% des interrogés ayant au contraire constaté des actions favorables, 54% citent la mise en place de « règles et procédures contre toutes les discriminations dont celles liées à l’orientation sexuelle et l’identité de genre ». 41% assurent aussi bénéficier des mêmes droits en matière de parentalité (congés familiaux, mutuelle, prévoyance).
Cependant, les actes et propos « LGBTphobes » persistent. Le panel est restreint, mais 16% des salariés interrogés déclarent avoir déjà été témoins de « moqueries » au sein de l’entreprise à l’égard d’employés LGBTI et 8% d’insultes et/ou d’utilisation d’un « vocabulaire offensant ».
« Un candidat perçu comme homosexuel a en moyenne deux fois moins de chance d’être convoqué à un entretien d’embauche qu’un candidat perçu comme hétérosexuel. Et il se voit proposer un salaire jusqu’à 10% inférieur », explique sur hr-voice, l’économiste Marie-Anne Valfort (LGBTI in OECD Countries). « L’impossibilité pour les personnes LGBTI de se présenter au monde telles qu’elles sont génère chez elles une détresse psychologique profonde. »
Aux Etats-Unis par exemple, le taux de tentative de suicide parmi les personnes transgenres est neuf fois plus élevé qu’au sein de la population totale. « Mais un environnement plus inclusif peut inverser cette tendance », ajoute la chercheuse.
Joëlle Berthout
stophomophobie.com