Ce dimanche 26 août, interrogé depuis l’avion qui le ramenait de sa visite en Irlande, le pape François a recommandé aux parents qui viendraient à constater l’orientation homosexuelle de leurs enfants de consulter un psychiatre, « pour voir comment sont les choses. La situation est différente quand cela se manifeste après vingt ans ». Mais« je ne dirai jamais que le silence est un remède. Ignorer son fils ou sa fille qui a des tendances homosexuelles est un défaut de paternité ou de maternité », a-t-il ajouté.
Le Saint-Siège n’a finalement pas retenu la référence à la « psychiatrie » et modifié ce 27 août la transcription officielle de l’interview, « pour ne pas altérer la pensée du pape », trop spontané, a expliqué à l’AFP une porte-parole.
« Avec ce mot, il n’avait pas l’intention de dire qu’il s’agissait d’une maladie psychiatrique, mais que peut-être il fallait voir comment sont les choses au niveau psychologique. »
Selon la doctrine de l’Église catholique, « les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés » et « les personnes homosexuelles appelées à la chasteté ». Pour autant, le pape a toujours fait preuve d’ouverture, face à l’ensemble du clergé, notamment avec son « Qui suis-je pour juger ? » dès 2013. Il a rejeté en 2015 le mariage pour tous et soutenu les maires refusant en France d’unir des couples de même sexe. Mais il a aussi évoqué, l’année suivante, la nécessité pour l’Église de demander « pardon » aux homosexuels. Et en mai dernier, rappelé que peu importe l’orientation sexuelle, « Dieu vous a fait ainsi et vous aime ainsi. Vous devez être heureux de ce que vous êtes ».
La récente déclaration est donc tout à fait inappropriée et dangereuse, le pape ayant une audience de plus d’un milliard et demi de fidèles, dans ces pays également qui pratiquent encore l’homophobie.
Et puis, il venait de présenter ses excuses au peuple irlandais, pour les agressions sexuelles commises par des prêtres catholiques. Plusieurs enquêtes ont en outre révélé des pratiques d’adoptions illégales d’enfants nés de femmes non mariées, réalisées par l’État irlandais avec la complicité de l’Église, là encore. « Aucun de nous ne peut se dispenser de se sentir ému par les histoires de mineurs qui ont souffert d’abus… », a déclaré le souverain pontife. Alors pourquoi suggérer des soins psychiatriques pour des jeunes gays présumés ? L’homosexualité ne figure heureusement plus sur la liste des maladies mentales de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 1990.