Lyes Alouane engage, ce 27 novembre, deux actions en justice contre ses agresseurs, l’une pour menaces de mort homophobes, l’autre pour violences volontaires homophobes. Les associations Mousse, Stop Homophobie et Adheos dénoncent une défaillance des services de police de Gennevilliers.
Menaces de mort homophobes réitérées
Le 8 mai 2018, Lyes, 23 ans, a été pris à parti par deux individus sur la place du Docteur Roux à Gennevilliers, alors qu’il rentrait chez lui. L’un d’entre eux, Mohamed S., est un « récidiviste » qui injurie systématiquement le jeune homme du fait de son orientation sexuelle. Lyes a alerté les services de police, qui se sont déplacés, mais l’agresseur a poursuivi ses insultes et menaces, devant les agents de police. Lyes a réussi à filmer les faits.
Dans la vidéo, Mohamed S. déclare en présence de trois agents de police : « Je lui ai dit que c’était une pédale, que c’était un PD, « il faut juste dire que dans un autre quartier, il se serait fait soulever ». « Si je fais un truc avec lui, je vais lui casser sa tête. Ouais, je vais lui casser sa tête. » « Des fois, il est sur le trottoir qui est là-bas. Et il passe. Et il nous regarde. C’est de la provocation. Il passe pas par là, c’est tout ». « Si vraiment il veut des problèmes, je lui casse sa tête. Et vas-y là, on me ramène [au poste de police], mais pour une raison. »
Lyes Alouane, ainsi que les associations Mousse, Stop Homophobie et Adheos, font notifier une citation directe devant le tribunal correctionnel de Nanterre à Mohamed S. pour menaces de mort à caractère homophobe.
Violences homophobes lors d’une action de lutte contre l’homophobie
Ce vendredi 23 novembre 2018, Lyes a également été agressé, alors qu’il distribuait des prospectus contre les LGBTphobies, dans des boîtes aux lettres à Gennevilliers. Il a été menacé, chassé, traité de « sales pédés », de « tapettes » par au moins une vingtaine de personnes. Lyes a alerté la police pendant les faits. La police ne s’est cependant pas déplacée immédiatement. Un jeune homme a frappé Lyes, quelques instants plus tard, alors qu’il avait rebroussé chemin.
Lyes Alouane, ainsi que les associations Mousse, Stop Homophobie et Adheos, portent plainte contre X pour violences volontaires à caractère homophobe, afin qu’une enquête soit ouverte contre l’agresseur de Lyes.
Défaillance des services de police de Gennevilliers
Le 8 mai 2018, jour de son agression verbale place du Docteur Roux à Gennevilliers, des agents de police étaient présents lors de la commission des menaces de mort à caractère homophobe contre Lyes. Pourtant interrogé par l’association Adheos, le préfet de police de Paris a estimé, dans un courrier du 2 octobre 2018, que « les diligences menées, n’ont pas permis de confirmer que des insultes homophobes ont été proférées, de même que l’existence de menaces n’a pas été juridiquement caractérisée. » Cette affirmation démontre que les agents de police de Gennevilliers n’ont pas fait remonter à leur hiérarchie les faits caractérisant des menaces de mort à caractère homophobe dont ils ont été eux-mêmes témoins.
Le 23 novembre 2018, Lyes se trouvait à Gennevilliers pour réaliser une action de sensibilisation contre la haine anti-LGBT dans les banlieues. Il a été insulté et menacé par une vingtaine de jeunes en raison de son orientation sexuelle. Lyes a alors appelé la police pour bénéficier d’une protection. Les faits ont été filmés par une équipe de France 2. La police n’est pas intervenue et Lyes a finalement été agressé physiquement quelques minutes plus tard.
Contraint de déménager en raison de son homosexualité
Lyes ne peut plus revenir à Gennevilliers sans craindre une nouvelle agression. Il s’est installé provisoirement dans un hébergement qui lui a été fourni par l’association Stop Homophobie.
Pour Me Etienne Deshoulières, avocat de Lyes et des associations qui le soutiennent, « Lyes est contraint de déménager de Gennevilliers en raison de son homosexualité. En France, aujourd’hui, il n’est pas encore possible de vivre partout librement son orientation sexuelle. »