L’association Shams, qui milite en Tunisie pour la dépénalisation de l’homosexualité, a lancé en décembre 2017 sa webradio, « Shams rad », la première du monde arabe dédiée à la communauté LGBT, avec des témoignages, conseils juridiques, un volet politique et de la musique aussi.
Une visibilité pour contribuer à « l’évolution des mentalités », qui a toutefois égrené la polémique, la Tunisie punissant encore l’homosexualité d’emprisonnement. 67 incarcérations l’année dernière.
Shams a d’ailleurs été inondée d’injures et de menaces, dès l’annonce du lancement de la chaîne, que l’humoriste tunisien, Wassim Herissi, alias « Migalo », a également estimé « inadmissible » sinon « scandaleux ».
Dans une émission, « Chellet Amine » sur Mosaïque FM, il est allé jusqu’à interpeller, avec son coanimateur, Amine Gara, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) ainsi que le ministère de l’Intérieur, pour que l’on fasse « taire » Shams.
Les deux hommes déploraient que l’on puisse se réjouir de cette initiative en faveur des personnes LGBTQ ou tolérer dans le pays sa couverture médiatique.
« Que Dieu les guérisse, peut-être qu’ils ont une maladie, je ne sais pas, mais ce n’est pas normal de faire une radio pour eux ». Il n’appelle pas autrement « à ce que l’on frappe ces gens-là. Qu’ils aillent se faire soigner. Mais de là à les laisser ouvrir une radio… »
La vidéo est depuis censurée par Mosaïque mais visible sur Kapitalis.
Les propos tenus pourraient « influencer l’opinion publique » et accentuer l’insécurité des personnes concernées, comme le dénonçait Me Mounir Baatour, président de Shams Tunisie. « Ces deux clowns » usent de leur audience « pour faire passer des appels à la haine et diviser la société tunisienne, comme si elle ne l’est pas déjà assez ». Si seulement ils avaient les moyens de « rehausser leur niveau pour tenir un discours plus intelligent (…) Cette homophobie gratuite leur a fait oublier leurs responsabilités en tant qu’animateurs radio ».
Migalo devrait pourtant se produire à Lyon, ce 21 décembre 2018, le lendemain, sur la scène du Bataclan à Paris, puis le 23, au Théâtre Sébastopol de Lille.
Shams, que nous soutenons totalement, regrette cette indifférence, alors que l’individu tient « un discours populiste, dangereusement homophobe ». Me Baatour espère un sursaut de la communauté.
Inadmissible qu’il ait été autorisé à pénétrer sur territoire français, que @bataclan_ et autres salles acceptent qu’ils se produisent ! L’homophobie a encore de beaux jours ! Toute personne ayant tenu propos racistes, antisémites, homophobes devrait être interdit de territoire.
— Un monde arc-en-ciel 🏳️🌈🇫🇷🏴 (@Keryn76) 14 décembre 2018