Anas, la vingtaine, plaignant dans une affaire de viol, a été condamné par la justice tunisienne, ce 11 février 2019, à six mois de prison pour sodomie, sur la base de l’article 230 qui pénalise les rapports homosexuels. Soumis à un examen anal, « le test de la honte », censé prouver une récurrence de la pratique, il a également écopé d’une extension de deux mois de peine pour « dénonciations calomnieuses ». Ses deux agresseurs ont nié tout abus, évoquant une « relation consentie », qui aurait tourné à la dispute. Le jeune homme avait répondu à l’invitation d’un prétendant sur Facebook, mais il est tombé dans un guet-apens, battu, violé et dépouillé.
Ils sont ainsi des dizaines – 127 en 2018, contre 79 en 2017, et 56 en 2016 – incarcérés pour homosexualité, parfois après signalement du voisinage, « sans même qu’il y ait de faits avérés ». Des victimes qui font également état de mauvais traitements infligés en détention, ou soumis ensuite à une thérapie de conversion. Et si les accusations se répètent, les peines aussi.
Rappelons que cette législation homophobe, datant de 1913, est héritée du protectorat français, et que le recours à un test anal, pratique « cruelle », « inhumaine » et « dégradante », est assimilé à un acte de « torture », qui est punissable, selon l’ONU.
Lors de son Examen périodique universel. en 2017, la Tunisie s’était engagée à « protéger la minorité sexuelle de toute forme de stigmatisation, de discrimination et de violence et d’empêcher tous les tests et examens anaux anarchiques ». Mais la pratique reste fréquente.
« La criminalisation est le problème ! »
Ce vendredi 15 février, le Président de la République, Emmanuel Macron, doit rencontrer Youssef CHAHED, chef du gouvernement tunisien, actuellement en visite officielle à Paris.
Outre les évaluations économiques et culturelles, il serait opportun d’insister sur les droits civils et politiques, et demander à M. CHAHED la libération d’Anas et de toutes les victimes d’état poursuivies ou condamnées pour homosexualité. L’article 230 du code pénal n’est pas conforme aux conventions internationales ratifiées par le pays, ni d’ailleurs avec sa nouvelle Constitution, adoptée en 2014, qui consacre les libertés et les droits individuels, « la dignité de l’être humain et son intégrité physique ».
L’association LGBT Shams a déjà déposé une plainte, que nous soutenons, contre l’Etat tunisien. Il serait temps que l’opinion et nos politiques s’impliquent.