Quelle est ampleur des actes homophobes en France ? Qui sont les agresseurs ? Quel est l’impact de la LGBTphobie sur la vie des minorités sexuelles ? A l’occasion de la Journée mondiale de l’homophobie (17 mai), la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais a fait réaliser en partenariat avec la Fondation Jean Jaurès et la DILCRAH une grande enquête, présentée ce mardi 14 mai, et qui permet de mesurer l’ampleur des actes de harcèlement ou d’agression à caractère homophobe dont peuvent être victimes les personnes homosexuelles, bisexuelles et transgenres.
Sur un panel de 1 229 répondants, extrait d’un échantillon représentatif de la population métropolitaine âgée de 18 ans et plus, une personne sur six confie avoir été agressée récemment. Et 7 % rapportent avoir subi des violences physiques (gifles, coups, bousculade…) au cours de l’année écoulée. Fait alarmant, ce pourcentage a plus que doublé par rapport à une étude semblable réalisée en 2018, où seuls 3 % en faisaient état. Pour les autres expériences de violence, les chiffres sont globalement stables.
Dans la majorité des cas, l’agresseur est un homme (78%), de moins de 30 ans (75%), qui agit en groupe (61%) même si peu de victimes ont été rouées de coup par plusieurs personnes en même temps (21%) : généralement une personne se détache du groupe pour porter les coups.
« L’effet d’entraînement du groupe est manifeste. Une dynamique est ainsi créée, qui donne un sentiment de légitimité aux agresseurs », observe Flora Bolter, codirectrice de l’Observatoire LGBT+ de la fondation Jean-Jaurès.
55% (+2pts) des personnes #LGBT ont été victimes d’une #agression au cours de leur vie
Observatoire des LGBTphobies : état des lieux 2019@IfopOpinion pour @FondationJRoy en partenariat avec @j_jaures et @DILCRAH
Retrouvez les résultats de l’étude ➡️ https://t.co/PMcSvdOdGK pic.twitter.com/6BAGKgl42G
— Ifop Opinion (@IfopOpinion) 13 mai 2019
Le sondage a également permis de comprendre comment les victimes décrivent leurs agresseurs.
Elles commencent dans un premier temps par mentionner le sexe de la personne, puis son comportement et enfin des caractéristiques physiques. La couleur de peau et l’origine sont évoquées plus tard dans la description (sixième et septième positions). Les chiffres ne permettent pas de cibler une origine spécifique puisque 2 % des victimes ont déclaré avoir été agressées par une personne de couleur noire, 4 % de couleur blanche et enfin 6 % une personne arabe ou maghrébine.
Une hausse des agressions physiques
Au total, plus d’une personne LGBT sur deux (55%, +2 pts) déclare avoir fait l’objet d’une agression homophobe, quelle qu’elle soit, au cours de sa vie.
Quelque 22% des LGBT ont déjà fait l’objet d’une agression physique à caractère homophobe (gifles, coups…), soit une « hausse significative » de cinq points, comparé à sa dernière étude sur le sujet en juin 2018 (3% en 2018 contre 7% en 2019). La tendance reste stable concernant les injures (29%, +1 point), les destructions de biens (21%) ou les attouchements à caractère sexuel (22%,-2 pts). Le taux de dépôts de plainte encore faible Signaler les faits dans un commissariat (27%), porter plainte officiellement (20%) ou chercher de l’aide auprès d’une association LGBT (19%) reste une attitude minoritaire chez les victimes, selon l’étude. Environ 46% des personnes agressées n’osent même pas se confier à ses proches. Cet « environnement homophobe » conduit de nombreuses personnes LGBT à adopter des «stratégies d’invisibilité», comme éviter de se tenir la main (62%) ou de s’embrasser (63%) en public, et des «stratégies d’évitement», comme ne pas se rendre dans certains quartiers (37%) ou rentrer seul chez soi (33%), observe l’Ifop. Certaines personnes songent même au suicide. C’est le cas de 60% des personnes LGBT.