Frigide Barjot veut «occuper le terrain» dans tout le pays

Pas question pour l’égérie de la Manif pour tous, qui devrait être reçue dans les prochains jours par François Hollande, «de se laisser amadouer» par le chef de l’État.

C’est un nouveau tee-shirt qu’arborait lundi Frigide Barjot. Toujours aussi rose, mais avec un slogan inédit: «Les Français parlent à François.» Le collectif de la Manif pour tous va-t-il enfin être reçu par le président de la République? Si l’Élysée confirme, l’égérie du mouvement, elle, serait «ravie d’avoir l’information directement…»

Pas question, en tout cas, «de se laisser amadouer» par le chef de l’État. «Une simple écoute ne suffira pas!» prévient la parodiste catholique. Alors que l’examen du projet de loi au Parlement commence mardi prochain, le collectif, déterminé à «occuper le terrain de la rue» multiplie les initiatives. La mobilisation, «qui s’intensifie d’une façon qui nous dépasse», assure Frigide Barjot, reprendra dès mercredi. À la mi-journée, plusieurs dizaines d’élus locaux et nationaux se retrouveront devant l’Assemblée pour aller remettre un courrier au président Hollande. «Nous relaierons la pétition qui réclame un référendum, précise Philippe Brillault, maire du Chesnay, l’un des porte-parole du collectif. J’invite tous les élus locaux à créer leurs comités, afin de réunir les quatre millions de signatures nécessaires à la révision de la Constitution».

«Il y aura des surprises!»

Tous les Français, insiste Frigide Barjot, sont également invités à «parler à François» en signant la pétition en ligne sur le site de la Manif pour tous. «Si 708.000 manifestants ont disparu du Champ-de-Mars sous les yeux de la police le 13 janvier, souligne-t-elle, ils se recompteront aisément par leur engagement écrit!»

Ensuite viendra, jusqu’à «la suspension du projet de loi en vue de l’organisation d’un grand débat, ou d’un référendum» toute une série de meetings et de débats en province. Après Lyon, le 26 janvier, les organisateurs poursuivront leur «tour de France» dans l’Ouest, puis vers Bordeaux, le Sud-Est et le Nord. «C’est la caravane de la Manif pour tous, avec le mariage pour dopage!» rigole Frigide Barjot. Le dimanche 3 février, des rassemblements auront lieu devant les préfectures et les mairies, «partout en France, sauf à Paris».

Et après? «Il y aura des surprises! lancent en chœur les organisateurs. La drôlerie et la provocation, ce n’est pas l’apanage de l’Inter-LGBT.»«L’hypothèse d’une deuxième grande manifestation reste totalement ouverte, assurent-ils. Cela dépendra du président. Nous avons le souci de lui offrir une porte de sortie.» Aucune date n’est pour l’instant arrêtée. En attendant, quel est le programme pour ce dimanche, qui verra défiler dans les rues de Paris les pro-mariage homo? Alors que «chaque jour nous parviennent des messages de Français ulcérés par les chiffres trafiqués», confie un organisateur, le collectif sera très vigilant sur le comptage de ces manifestants. «Nous filmerons leur défilé, précise-t-il. Car nous nous attendons, comme par hasard, à ce que la préfecture, qui nous a gratifiés de 340.000 participants, nous sorte des chiffres très similaires.»

Trois questions à Tugdual Derville, délégué général d’Alliance Vita, porte-parole du collectif

La Manif pour tous du 13 janvier n’a fait que renforcer la mobilisation des Français, dites-vous…

Certains aimeraient que notre mobilisation soit un feu de paille ; moi, je dis que c’est un incendie qui a couvé sous la cendre et qui est en train d’embraser la France. C’est l’émergence d’un grand mouvement d’opinion absolument inédit. Depuis le 13 janvier, on a reçu énormément de mails, d’appels, de tweets, de gens qui ont manifesté ou pas, mais qui veulent continuer à agir. Nous avons montré que nous étions extrêmement nombreux et de sensibilités diverses. Il nous reste à prouver notre ténacité.

Stéphane Kovacs