Les indignations se multiplient dans le pays depuis que Mgr Marek Jędraszewski a évoqué, dans son homélie du 1er août, à l’occasion du 75e anniversaire de l’Insurrection de Varsovie, un remplacement de la « peste rouge », pour les communistes, par une nouvelle « arc-en-ciel », néo-marxiste, qui voudrait « s’emparer » des âmes, cœurs et esprits des Polonais. En substance, une maladie à éradiquer !
Des propos que la presse a rapidement relayé, dénonçant un retour de l’inquisition et « à la plus odieuse tradition de répression contre les personnes LGBTQ », déplore le Centre de surveillance du comportement raciste et xénophobe de Varsovie, qui annonce avoir saisi le bureau du procureur.
Plusieurs dizaines de personnes ont également participé ce dimanche 4 août à un rassemblement devant le siège de l’archidiocèse, appelant à la démission du nonce apostolique.
« Jędraszewski est un semeur de haine et ses propos sont répréhensibles, il devrait quitter ses fonctions », scande un manifestant. « Je suis un croyant et estime que l’Église devrait répandre la Parole de Dieu, uniquement », insiste un autre. « Nos prélats n’ont pas à interférer avec la politique ou jouer aux tribunaux. C’est indécent et mauvais », ajoute un groupe de fidèles, qui regrettent cette croisade anti-LGBT, instrumentalisée par les ultraconservateurs à l’approche des législatives.
Le chef du parti Droit et justice (PiS), Jaroslaw Kaczynski a d’ailleurs déclaré en avril que l’« idéologie LGBT » était une « menace à l’identité et à l’État polonais ».
« On se rapproche d’un système d’État totalitaire », s’insurgent les manifestants. « La ségrégation en raison de l’orientation sexuelle a été pratiquée en Pologne par des nazis. Ils ont aussi utilisé une rhétorique dans laquelle les homosexuels étaient qualifiés de parasites ou de pestes, qu’il fallait combattre. »
Selon une étude menée en juillet dernier par l’institut de sondage CBOS, 41 % des Polonais éprouveraient une « aversion » pour les homosexuels, contre 34 % qui les acceptent. Une trentaine de régions et de villages ont en outre déjà adopté des résolutions anti-LGBT. Les tribunaux ont même autorisé des commerçants à invoquer une « clause de conscience » pour refuser toute clientèle non conforme à leurs convictions religieuses. L’un des journaux d’extrême droite, Gazeta Polska, a dans la foulée proposé à ses lecteurs un autocollant imprimé d’un arc-en-ciel barré pour « zone libre de LGBT ». « Une réponse à des milliers de demandes », s’est défendue la rédaction, ignorant l’interdiction formulée par la justice pour distribuer ses stickers, « contre l’offensive LGBT ».
Protest pod kurią w #Kraków Nie jesteśmy zarazą! Kilkadziesiąt osób stanęło pod budynkiem kurii, aby zaprotestować przeciwko słowom abpa #Jedraszewski #jestemLGBT #LGBT pic.twitter.com/SfwsR6bquh
— Queer.pl (@queerpl) August 2, 2019