Les adolescents en CAP et bac-pro au lycée De-Vinci ont discuté avec deux représentants du Refuge. Avec leurs mots.
« Si mon fils m’annonçait qu’il est homo ? Je préférerais qu’il soit mort. »
Hier, une dizaine d’élèves en formation professionnelle au lycée De-Vinci ont dit leur vision de l’homosexualité aux représentants du Refuge; cette association qui recueille des jeunes bannis par leur proche car homos et qui organise des actions de prévention dans les lycées de la région. Des garçons en filière bois et électricité, de 16-18 ans, qui s’avèrent plus que sensibles au regard de leurs pairs et aussi pétris de préjugés. Qu’ils expriment clairement mais savent, au final, remettre un peu en cause.
L’échange, de deux heures, a commencé durement par : « Les pédés, j’aime pas, j’en parle pas. » Et puis, les lycéens ont peu à peu précisé leur « peur de se faire violer » par ces homos qu’ils pensent « reconnaître forcément. Car un gay a la voix aiguë et il se tortille le cul quand il marche. »
«Ça serait la honte»
Franchement sceptiques quant à l’homosexualité féminine, qu’ils assimilent aux scènes lesbiennes dans les films pornos, où « toutes les filles sont bi », ces gars sont persuadés que « l’homosexualité est un choix. Ou que ça s’attrape si tu traînes avec des pédés. » Et donc, « pour soigner un copain homo, le mieux est de le sortir en boîte avec des gonzesses… » Mais après lui avoir « foutu un coup de boule ».
Et si c’était un petit frère qui révélait sa préférence ? « Je me sentirais mal, ça serait la honte… Parce qu’il n’aura jamais d’enfant! », s’exclame un jeune qui, encore une fois, n’imagine là pas d’autres solutions que de « lui foutre une gifle et l’obliger à aller voir les filles jusqu’à ce qu’il aime ça ».
Par rapport au mariage pour tous, les lycéens annoncent ne « pas avoir d’avis. L’actualité, c’est pas notre truc. »
Et dans un soupire, l’un assure : « Pour se marier, faut que la famille soit d’accord.» Pourtant, il reconnaît que « les temps ont changé. L’amour ne se commande pas à 100 %. »
Puis tous disent aussi avoir vu le portrait de Tim, 19 ans, jeté à la rue par ses parents car homosexuel, et qui a fait le buzz sur le web ce week-end. Et « bien sûr », ils savent que le harcèlement subi par un jeune à cause de son orientation sexuelle peut être « une torture ».
Mais ils écartent le risque de suicide qui est pourtant multiplié chez les adolescents homosexuels, « car c’est parce qu’ils sont homos qu’ils sont plus fragiles », assure l’un qui note, plus tard, dans le questionnaire du Refuge, avoir « déjà assisté à une agression homophobe ».
La rencontre se termine. Un deuxième groupe est attendu par les représentants du Refuge. Mais leur prof principal a averti l’infirmière que « ça ne servira à rien. Car chez les maçons, y’a pas d’homo. »
http://le-refuge.org/presses/Midi-Libre-MONTPELLIER-2013-02-19-p4.pdf
CAMILLE-SOLVEIG FOL
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