Etrange paradoxe: aux Etats-Unis, les restrictions sur l’IVG se multiplient, alors que de plus en plus de conservateurs considèrent la bataille du mariage pour tous comme perdue.
On imagine un peu trop facilement que le droit des femmes et celui des LGBT évoluent parallèlement, et dans le même sens. Mais comme le note le journaliste Tim Wigmore, dans un papier publié sur le site du «Telegraph» britannique, la situation est parfois un peu plus compliquée. Il remarque ainsi que tandis que la cause du mariage pour tous progresse rapidement aux Etats-Unis, celle de la liberté des femmes à interrompre leur grossesse recule imperceptiblement.
Un récent sondage relevait que 80% des Américains de moins de 30 ans étaient désormais favorables à l’égalité pour les couples gay et lesbiens en matière d’état-civil. De quoi faire virer de bord plus d’un élu républicain, comme le sénateur Rob Portman, dernièrement. Beaucoup d’autres adaptent leur discours, de peur de passer pour des «bigots» ou des ringards, et surtout pour ne pas se couper d’une partie considérable de leur électorat. En revanche, sur l’avortement, Portman et ses camarades restent inflexibles.
Lois plus restrictives
De fait, la question de l’avortement divise toujours plus, aux USA. Une enquête récente montrait le soutien à l’IVG «sans conditions» à un plancher historique (28%, soit une chute de 5% en six mois) depuis sa libéralisation, il y a 40 ans. Quelques Etats en profitent pour introduire des lois plus restrictives. Dans le Dakota du Nord, il n’est plus possible de se faire avorter dès que lors que les battements du cœur du fœtus sont détectables.
«Bizarrement, le mariage gay, qui est devenu il y a peu une question politique majeure, pourrait bientôt cesser de l’être, écrit Tim Wigmore. Ses opposants ont réalisé qu’ils se battaient contre une lame de fond démographique. Par contre, sur l’avortement, ils ont plus de force que jamais. Le moment du mariage gay est peut-être arrivé, mais en quarante ans, celui de l’avortement se fait toujours attendre.»
Droit menacé en Suisse aussi
Rappelons qu’en Suisse, le droit à l’avortement fait aussi l’objet d’attaques de la part de milieux ultraconservateurs. Une initiative populaire pour le déremboursement des IVG par l’assurance de base a déjà abouti. Un second texte, qui vise à inscrire dans la Constitution la «protection de la vie», a été lancé le mois dernier. Son comité prétend que les naissances qui n’ont pas été menées à leur terme ont entraîné, depuis dix ans, une perte de 333 milliards de francs pour l’économie helvétique.
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