Taubira à Lyon pour le premier opéra de Badinter, huée par les anti mariage gay

La garde des Sceaux Christiane Taubira a assisté mercredi à Lyon à la création du premier opéra écrit par Robert Badinter, inspiré d’un drame carcéral de Victor Hugo évoquant l’homosexualité, et a été huée à sa sortie par plus de 200 opposants au mariage homosexuel.

Massés aux abords de l’opéra, les manifestants – 250, selon la police – agitaient des drapeaux français en scandant ‘casse-toi Taubira‘ ou encore ‘nous sommes tous des enfants d’hétéros’ détournant le slogan ‘nous sommes tous des enfants d’immigrés’.

A son arrivée vers 20H00, la ministre a expliqué être venue pour l’ancien garde des Sceaux, « une personnalité pour laquelle (elle) a beaucoup d’estime et d’affection », ainsi que pour Victor Hugo pour lequel elle nourrit « une passion de longue date ».

« Et je ne refuse pas un opéra », a ajouté celle qui, de tous les membres du gouvernement invités, dont la ministre de la culture Aurélie Filippetti, est la seule à avoir répondu présent.

A bientôt 85 ans, l’ancien ministre de la Justice a écrit le livret de « Claude », « tragédie pénitentiaire » dénonçant la vie dans un système carcéral qui « broie les hommes », selon l’expression de Badinter.

Celui qui fit abolir la peine de mort en France a transposé à Lyon le roman méconnu de Victor Hugo « Claude Gueux », faisant de son héros un de ces canuts, ouvriers des soieries lyonnaises qui se sont révoltés au XIXe siècle, sur les pentes de la Croix-Rousse, à deux pas de l’opéra.

Arrêté sur les barricades alors qu’il proteste contre le remplacement des ouvriers du textile par des machines anglaises, Claude est condamné à plusieurs années de prison. Il y aime un autre détenu, passion qui le conduira finalement à l’échafaud.

Thierry Escaich, dont c’est aussi une première dans le monde de l’opéra, a composé la musique et Olivier Py réalisé la mise en scène, marquée par un cube de neuf cellules où l’on voit vivre les prisonniers.

« Claude », pièce maîtresse d’un festival baptisé Justice-Injustice, sera diffusé sur France Musique en direct le 11 avril, et ultérieurement par Arte, France Télévisions et Mezzo.

France Musique consacrera une semaine au festival Justice/Injustice, du 8 au 14 avril, avec des invités comme Christiane Taubira ou Régis Debray.

« Fidelio », l’unique opéra de Beethoven, ainsi que « Le Prisonnier » de Luigi Dallapicola et « Erwartung » d’Arnold Schoenberg sont également présentés lors de ce festival.

(Source AFP)