Depuis son élection au Congrès en 2008, Aaron Schock, pourtant le plus jeune parlementaire républicain à l’époque, s’est systématiquement positionné contre les droits des personnes LGBTQI. Il a notamment voté contre le Matthew Shepard Act, adopté en 2009 sous l’administration Obama, pour punir les crimes homophobes, ou encore l’abrogation de la doctrine, « Don’t ask, don’t tell », levée en 2011, mais qui interdisait depuis 1993 aux militaires d’évoquer leur homosexualité. Et à l’instar du candidat de son parti, John McCain, il s’est aussi opposé à la légalisation du mariage pour tous, autorisé depuis 2015 sur l’ensemble du territoire américain.
Il vient néanmoins d’officialiser son coming-out, pour révoquer « les doutes », dans un message partagé ce 5 mars sur les réseaux et son site internet, dans lequel il regrette, à 38 ans, ses positions. Un bilan homophobe conditionné par son éducation « au sein d’une famille traditionnelle du Midwest rural », qui aurait réagi avec déception à l’évocation de son orientation sexuelle, sinon l’inciter à recourir à une thérapie « pour se soigner ». Difficile de s’affirmer en tant qu’homosexuel, assure-t-il. « Mémoriser des versets bibliques, séjourner dans les centres chrétiens de vacances, assister aux services au moins deux fois par semaine : c’était mon monde ».
L’ex-député a donc planché en faveur de ses électeurs, ambitions et fonctions, « au détriment de la vérité ». « Ça m’a fait beaucoup de mal, à moi et à d’autres… Je cherchais des excuses pour gagner du temps et éviter d’être cette personne que j’ai toujours été. Mais si les circonstances l’avaient permis, j’aurais corrigé tout cela ». « Et si j’étais au Congrès aujourd’hui, je soutiendrais les droits LGBTQ de toutes les manières possibles », insiste-t-il.
Opportunité qui s’est évanouie en 2015. Accusé de détournement de fonds publics, Schock a démissionné du Congrès. Et l’année suivante il était inculpé par un grand jury fédéral pour 24 chefs d’accusation, dont fraude fiscale. Il a démenti, rejeté les charges, et s’est engagé à rembourser l’ensemble des dépenses qu’on impute à sa mandature.
Loin des projecteurs politiques, il a en outre tenté d’aborder sa vie personnelle avec sa famille. Mais les rumeurs avaient déjà filtré dans la presse et sa mère n’a pas apprécié.
« Je garde l’espoir qu’avec le temps ma famille finira par m’accepter tel que je suis… Le même Aaron, celui dont ils étaient si fiers il y a peu. Après avoir traversé toutes ces épreuves en solitaire, je n’en ai besoin », confie encore l’ancien homme politique.
D’où son plaidoyer, non pour se dédouaner mais rendre hommage aux militants et défenseurs de la cause. Car si « je peux vivre ouvertement maintenant en tant qu’homosexuel, c’est grâce à ces gens extraordinaires qui ont eu le courage de se battre pour nos droits quand moi, je ne l’ai pas fait ! »
Mais comme c’est souvent le cas dans l’histoire humaine, ajoute-t-il, « ceux qui auront le plus contribué aux grands changements sociaux n’ont jamais occupé de poste électif. »
Aaron Schock espère enfin pouvoir sortir de « l’obscurité et de la honte » sans avoir à surmonter de nouvelles pressions, en raison de son expérience « hors du courant dominant du mouvement LGBTQ ». Et que son histoire partagée, puisse aider d’autres personnes, les plus jeunes, leurs parents et familles, « car il est bien plus simple de vivre sans avoir peur ou se dissimuler. » Sa mère est d’ailleurs revenue sur ses préjugés, l’invitant à lui présenter son futur compagnon, lorsqu’il serait prêt à écrire « le prochain chapitre de sa vie ».