Ils enchaînent les déclarations depuis quelques semaines. Parmi les plus influents, Meir Mazuz, rabbin orthodoxe, chef spirituel du défunt parti ultra-nationaliste et homophobe Yachad, qui dès le début du mois de mars imputait le coronavirus aux marches des fiertés : ces « parades diaboliques et contre nature », qui auront exacerbé le créateur.
Un pasteur californien, Ralph Drollinger, proche de Donald Trump, l’avait néanmoins précédé, affirmant que le virus était lié à « la propension au lesbianisme et à l’homosexualité ». Convictions partagées par Steven Andrew, autre pasteur évangélique et soutien lui aussi du président américain, qui a appelé à une « repentance du péché LGBT » pour les protéger du coronavirus.
Une « sanction divine » selon l’imam sénégalais Arabi Niass également, qui accuse les autorités de son pays de laxisme face aux « influences étrangères » favorables à la légalisation de l’homosexualité : « Vous imaginez que cela est admissible ? », a-t-il clamé dans son sermon.
Et ce samedi 28 mars, c’est le chef du clergé chiite irakien Muqtada al-Sad qui réclame l’abrogation « sans aucune hésitation » des « épouvantables » lois ouvrant le mariage aux couples homosexuels. Elles auraient en effet contribué à « l’explosion de l’épidémie » dans le monde, a-t-il alerté.
Tout aussi « absurde que sectaire », lui répond dans le Jérusalem Post, Peter Tatchell, célèbre militant des droits humains, regrettant qu’un « imbécile ignorant et haineux » profite de la situation pour tenter d’imposer « la tyrannie religieuse à tous les Irakiens ». IraQueer, qui œuvre depuis 2015 à la défense des droits LGBT dans cette partie de la péninsule arabique, dénonce un appel au meurtre des personnes LGBT+ mais aussi la mise en danger de toute la population. « Il s’agit d’une pandémie qui doit être traitée sérieusement et médicalement », et en « militarisant » par ses propos « les craintes et les angoisses du peuple irakien, Muqtada al-Sadr ne fait que nous distraire de ce qui est vraiment important : sauver des vies », s’indigne l’ONG.
L’Irak, pays de 40 millions d’habitants, voisin de l’Iran où le Covid-19 a déjà fait plusieurs milliers de morts, compterait une quarantaine de victimes et plus de 500 personnes contaminées, selon les chiffres « officiels ».