«Les tensions homophobes sont passées de palpables… à manifestes depuis la loi du mariage pour tous», assure Nicolas Noguier, le président du Refuge, une association qui vient en aide aux jeunes homos harcelés.
Présent à Montpellier, Paris, Lyon, Toulouse, Marseille, Narbonne, Nîmes, Lille et Saint Denis de la réunion, le Refuge offre un hébergement, un soutien social et psychologique aux victimes d’homophobie.
Tandis que la situation se durcit au rythme du militantisme des «antis», la peur gagne doucement chez les très jeunes homos.
En effet, les appels de jeunes effrayés ont quintuplé cette année passant de 70 à 400, dommages collatéraux du débat législatif sur le mariage pour tous, qui a décomplexé une partie de la population. «Dorénavant, certains assument au grand jour une homophobie jusqu’ici latente», selon Nicolas Noguier. «Les manifs et les discours ont libéré la parole dans les familles. Et beaucoup de jeunes appellent parce qu’ils «comptaient le dire à leurs parents», mais «ont préféré faire marche arrière». Et qu’ils se sentent acculés.
Au Sud, la parole homophobe est décompléxée
Thomas, a vu sa situation évoluer à Paris. «Malgré les petites insultes à caractère homophobe quand j’étais plus jeune, je n’ai jamais eu l’impression de faire parti d’une minorité. C’est maintenant le cas depuis que le débat sur la mariage a commencé. Ce sentiment est affreux.»
Les partisans du NON nous infligent «une existence malaisée», renchérit Antoine. Une angoisse. «les insultes sont blessantes, le mot “PD” semble anodin mais quand tu l’entends toute la journée, cela ne l’est pas. Il n’y a pas de vie tranquille», détaille Antoine.
«Les gens ne mesurent pas la limite de leurs mots et beaucoup de jeunes homosexuels aujourd’hui se suicident à cause de cela. Moi j’y ai deja pensé. Sans le Refuge je ne serais peut-être pas là», avoue t-il péniblement.
31 ans après la dépénalisation en France par Francois Mitterand, 23 ans (17 mai 1990) après sa suppression de la liste des maladies mentales par l’OMS, il se demande de quoi sera fait demain. S’il a peur, ce n’est pas une peur du lynchage, mais du soubresaut nationaliste. «Ce n’est pas étonnant que certains de ces mouvements soient homophobes, ce qui l’est c’est qu’en 2013 ce type de mouvements existe encore».
(Avec Street Press, école de journalisme gratuite parrainée par le Figaro Etudiant )
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