Le député UMP Hervé Mariton lance jeudi une série de réflexions sur le mariage gay. Des partisans du projet gouvernemental viendront s’exprimer au siège de l’UMP.
Le créneau s’étant révélé porteur, l’UMP poursuit jeudi son offensive contre le mariage pour tous en tenant une convention sur le sujet au siège du parti, rue de Vaugirard. «On a reçu plus de 700 demandes d’inscription, on va jouer à guichets fermés», se réjouit Hervé Mariton. Le député de la Drôme, qui est resté neutre pendant le duel entre Jean-François Copé et François Fillon, voit dans cette affluence la preuve que «les militants apprécient le retour au débat de fond».
Responsable de l’organisation de la convention en tant que délégué national au projet, Mariton a souhaité que des partisans du projet gouvernemental s’y expriment. Parmi les experts, le sociologue François de Singly et le psychologue Sofiane Hamou tiendront ce rôle. Pour les élus, ce sera Franck Riester, longtemps resté le seul défenseur du mariage homosexuel dans les rangs des parlementaires UMP. Mercredi, Benoist Apparu a annoncé qu’il le voterait aussi.
Mais les «anti» seront majoritaires dans les deux tables rondes, respectivement intitulées «Le mariage homosexuel, progrès ou illusion?» et «Comment promouvoir la famille durable?». La réponse de l’UMP à la première question ne fait guère de doute. Hervé Mariton estime que le vote du projet gouvernemental «ferait du mariage un simple contrat de droit, alors qu’il est l’acte fondateur de la famille». En outre, la loi «fragiliserait l’adoption», parce qu’elle «provoquerait un tarissement» des filières légales. La Russie a déjà fait savoir qu’elle ne confierait pas ses orphelins à des couples homosexuels.
Quant à la promotion de la «famille durable», elle passe selon le député de la Drôme par l’établissement d’un «principe révolutionnaire»: «Un enfant est présumé avoir un père et une mère.» Ce qui n’exclut pas, dans son esprit, de «faciliter le partage et la délégation de l’autorité parentale» avec le conjoint d’un parent homosexuel qui a la garde de son enfant, «à condition de ne pas léser l’autre parent biologique».
Dans un souci de «cohérence», l’UMP devrait déposer un amendement à l’Assemblée pour «sortir l’adoption par un célibataire du droit commun». Seuls les enfants privés de parents biologiques à la suite de circonstances exceptionnelles pourraient être adoptés par des célibataires, et à condition que ceux-ci soient des membres ou des proches de la famille.
Le principe «un père, une mère» permettrait aussi, selon Mariton, de «renverser la charge de la preuve dans la lutte contre l’une des fraudes sociales les plus fréquentes, celle des faux parents isolés». «Les CAF (caisses d’allocations familiales), ne sont heureusement pas chargées de faire la police des lits, explique-t-il, mais, actuellement, elles doivent démontrer qu’il existe un deuxième parent biologique si elles estiment devoir refuser une allocation. Le bon sens voudrait que ce soit au demandeur de prouver qu’il est isolé.»
Ouverte par Jean-François Copé, la convention sera conclue par le filloniste Laurent Wauquiez. La «direction partagée» de l’UMP en pleine action.