Si la violence économique engendre la précarité, les politiques choisies pour y faire face ont les mêmes effets : réaliser des économies au détriment de la qualité du service public de santé, geler les prestations sociales, sont autant de mesures qui pénalisent en premier lieu les malades les plus précaires, les privant de soins pourtant essentiels.
Depuis 2005, la Tarification à l’acte (T2A) détermine l’allocation des budgets aux établissements de santé en fonction du volume et de la nature de leurs activités : une intervention chirurgicale suivie d’un bref séjour assurent à l’établissement une rémunération conséquente tandis qu’unE patientE fragiliséE devant rester plusieurs jours à l’hôpital avec un traitement mal rémunéré sera une patientE non rentable.
Couplée au sous-financement chronique des hôpitaux, la T2A a dramatiquement accru le déficit des établissements, et la loi Hôpital PatientEs Santé et Territoires (HPST, dite « loi Bachelot ») est venue encadrer cette faillite orchestrée. Elle provoque la fermeture de services entiers, redirigeant des centaines d’usagerEs vers des établissements plus éloignés et déjà saturés. Quant aux établissements privés, non liés par une mission de service public, ils opèrent un tri parmi les patientEs, privilégiant une offre de soins « rentable ».
L’exemple parisien de l’Hôtel Dieu est emblématique : c’est au mépris de toute démocratie sanitaire que l’APHP en a planifié le démantèlement en vue d’une opération immobilière. Les séropositifVEs feront partie des premières victimes de la fermeture d’un service ambulatoire de consultations VIH coordonné avec les urgences et les unités d’examens indispensables à leur prise en charge. En outre, l’Hôtel Dieu parisien est le second centre mondial de délivrance de Traitements Post Exposition (TPE, ou traitements d’urgence), il en dispense plus de 500 chaque année : autant de contaminations VIH évitées.
Cette casse programmée augure mal de l’avenir d’autres établissements plus modestes, ou situés dans des régions en situation socio-économique critique : la Guyane reste marquée par un taux d’incidence des infections par le VIH bien plus élevé que dans l’Hexagone, quand la démographie médicale y est bien plus faible ; la situation reste préoccupante ailleurs outre-mers, notamment à Mayotte ou St-Martin.
De nombreuxSES séropositifVEs sont toujours en situation de grave précarité, en termes de revenus ou de logement, situation qui les éloigne toujours plus des dispositifs d’accès aux soins, sans qu’un mot en faveur d’une vraie hausse des minima sociaux et d’une politique de logement engagée vers les malades n’ait été prononcé par le gouvernement.
Aux mesures économiques néfastes s’ajoutent les orientations répressives dans lesquelles le parti socialiste s’obstine : expulser les étrangerEs malades, rechigner à mettre à disposition des prisonnierEs du matériel d’injection safe, pénaliser les clientEs des travailleurSEs du sexe et prostituéEs. En totale contradiction avec les objectifs de santé publique, ces postures idéologiques sont autant d’entraves supplémentaires à l’accès aux soins des personnes les plus exposées au sida.
Dans un contexte individuel de fragilité, économique ou administrative, la santé n’est jamais prioritaire, le PS le sait. Pourtant, il a renoncé à revenir sur les orientations sanitaires désastreuses prises par les gouvernements précédents et multiplie les obstacles à un accès aux soins de qualité, préférant faire peser les économies sur les malades et opter pour des politiques répressives.
Contre toutes les entraves à un accès aux soins pour touTEs, rejoignez-nous le 30 novembre 2013, 18h place de la République, pour la journée mondiale de lutte contre le sida.
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